Sandra ou Michelle? Tel est le dilemme auquel se trouve confronté Leonard. Cet homme fragile et perturbé d'une trentaine d'années doit choisir entre celle que lui destine sa famille de tradition juive, et celle qui est sa voisine depuis peu mais dont il est déjà éperdument amoureux.
Pour son quatrième long-métrage, James Gray a créé la surprise en se tournant vers le mélodrame alors qu'il était davantage connu pour ses polars (on pensera aux très bons "The Yards" et "La nuit nous appartient"). Un défi pour lui. Défi d'autant plus difficile à relever de par la banalité apparente de l'histoire d'un homme qui hésite entre deux femmes. Le film aurait pu tomber dans les clichés de la passion amoureuse.
Mais "Two Lovers" est loin de cela. Dès les premières images, fortes et émouvantes, on remarque, on ressent immédiatement l'univers de James Gray, et non pas celui d'une comédie romantique à l'eau de rose.
Il aborde ses personnages à travers leur psychologie. Des personnages en proie à des sentiments confus, exaltant la peur, le doute, la tristesse, l'hésitation. Autant d'émotions sombres qui ne sont pas sans rappeler celles des polars... Il en est de même pour tous ces moments de tension silencieux, forts et très justes.
On retrouve également le thème de la famille - comme dans la plupart des films de Gray -, bien traitée dans son rôle de cocon protecteur tout comme d'obstacle à la liberté de Leonard.
Le scénario est simple, certes, mais il est finement mené et servi par des acteurs remarquables. Gwyneth Paltrow, qui a signé avec ce film son grand retour sur les écrans, tient peut-être ici son meilleur rôle. Quant à Joaquin Phoenix, l'acteur favori de James Gray, il nous éblouit encore une fois par son jeu mêlant froideur et émotion...
Un film poignant.