Sommet du cinéma de James Gray, Two Lovers pourrait se passer de tous mot. Si toute œuvre a besoin du regard et des impressions du spectateur pour exister, il en est d’autres où ils semblent dérisoires. Pourtant le film en question n’est guère impressionnant formellement, son sujet est convenu et la nouvelle a déjà adaptée avec succès par des cinéastes peut-être plus audacieux. Mais Gray est classique dans son sens le plus noble du terme : il transforme l’écriture en vérité.
Ce qui fait la singularité de James Gray, c’est sa capacité à créer des destins purement romanesques qui pourraient être le miroir de nos existences. Existentialiste, son cinéma l’est : de Little Odessa jusqu’à The Immigrant, ses personnages sont poussés par l’Histoire et les Autres. Le cinéaste semble prendre au mot « l’enfer c’est les autres » de Sartre, mais ne tombe jamais dans la pure misanthropie. L’Autre est source de souffrance certes mais aussi de réconfort. Les chemins se croisent, s’interpellent telles les fenêtres d’un immeuble ; dans Two Lovers, ce sont ces dernières qui relient les êtres entre eux. Mais pour la première fois un choix est possible : Léonard doit-il écouter sa passion ou sa raison ?
Une question qui prend vie dans ce film, le cinéaste semble éviter tout manichéisme. La passion ne semble pas être pure destruction et la raison une autre voie qu’un simple confinement.
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