Léonard a recommencé. Il a voulu en finir à nouveau.
Il rentre chez lui. Chez ses parents. Trempé, juste à temps pour prendre part à une visite aux airs de rendez-vous arrangé. Encore une fois, c'est tout le poids et le déterminisme de la famille qui s'exerce. Comme dans tous les films de James Gray.
Mais ces rencontres forcées ont du bon, parfois. Léonard fait en effet la connaissance de Cheveux de Jais. Elle est jolie et elle lui sourit. Son coeur blessé cesse de lui faire mal pendant un instant. D'alchimie naissante, de conversations malhabiles et incertaines.
A la faveur d'une coïncidence, Léonard tombe sur sa nouvelle voisine : Cheveux de Feu. Elle l'ensorcelle de son sourire un peu perdu et volage. La magie prend des allures de réaction chimique. Son manque de confiance lui fait prendre des attitudes pour masquer sa fragilité et sa maladresse. Il invite au cinéma comme un adolescent en plein émoi et lui téléphone de l'autre côté de la cour commune. Il l'accompagne là où elle va. Il la suit parfois à son insu pour grapiller un peu plus de sa présence.
Sa sensibilité à fleur de peau, son coeur raccommodé balancent entre Cheveux de Feu qui consume sa vie pour tromper son mal être et Cheveux de Jais, simple, gentille et sous le charme. Cheveux de Feu fait écho à son âme encore fragile mais elle ne l'envisage que comme un ami et un confident. Elle rejette d'abord son attirance et le déçoit . Dans un geste de bravade, il se console dans les bras de Cheveux de Jais.
Quelques photos en noir et blanc témoignent du rapprochement, de l'idylle naissante. Sur quelles fondations fragiles ? Cheveux de Feu est seule et Léonard vient la réconforter. Son coeur brisé et indécis, son âme meurtrie se reflètent à nouveau en elle et dans sa souffrance. L'amour écrit sur sa peau à l'encre illusoire, premier aveu muet et touchant, la rassure et l'apaise. Léonard se penche sur son visage pour esquisser un baiser qui n'aura pas lieu.
Cheveux de Jais, aussi gentille et compréhensive soit-elle, réalise que quelque chose ne va pas. Le coeur inconstant et changeant de Léonard ne peut réprimer son attirance pour Cheveux de Feu que l'emprise et l'intrusion de sa famille ne fait que pousser un peu plus. Il ouvre enfin la porte de ses sentiments et s'affranchit du chemin tout tracé par son père. Ses mots d'amour se répètent et se suspendent, comme les promesses. Un baiser, une étreinte magnifique, et Cheveux de Jais disparaît instantanément du décor.
Les projets insensés de départ montent à la tête et à la hâte. Léonard organise sa fuite comme un enfant qui s'apprête à fuguer pour tourner le dos à une existence factice qu'il n'a pas voulu mais dans laquelle il se complait. Il claque la porte de sa vie pour poursuivre le coup de tête et l'irréalisable, comme un enfant qui a du mal à marcher et qui s'entête à vouloir courir.
Le coeur battant à tout rompre, Léonard attend l'amour de sa vie avec l'appréhension du premier rendez-vous, du sentiment d'être à deux doigts de toucher l'absolu. Cheveux de Feu, est celle pour qui il est fait, une âme soeur. Deux coeurs perdus et immatures dans le gris de la vi(ll)e. Dans le noir de la première nuit de l'année.
Behind_the_Mask, qui recherche sa Cheveux de Feu... Ou de Jais. Non, plutôt de F... Jais !