Leurs fenêtres se regardent comme eux se contemplent.
Ce film inégal, parfois ennuyeux aussi parce que trop long à mettre en place son intrigue, propose une mise en scène intéressante, surtout des deux scènes d'amours et des contrastes entre les deux femmes, peut-être un peu cliché. Sandra est dans sa famille, parfaite, souriante et rassurante (elle offre des gants pour protéger du froid). Quant à Michelle, c'est l'amour folie, ils se retrouvent clandestinement sur le toit, comme deux enfants, se parlent par la fenêtre de leur deux appartements (belles scènes qui rappellent un peu « Fenêtre sur cours ») dont les fenêtres se regardent, comme eux se contemplent.
On ne sait pas bien pourquoi ce trio est filmé mais on se plait à le suivre notamment pour l'humour et la fragilité de son personnage principal , le rôle tout en retenu de Sandra et la frivolité fragile de Michelle ainsi que son incapacité à faire les bons choix de par son attachement bourgeois. Il y a donc des scènes marquantes dans ce film qui rachètent les quelques faiblesses du scénario.
Mais le grand mérite de ce film est de placer cet homme dans un contexte d'infantilisme et d'enfermement dans les convenances qui le pousse à ne jamais vraiment choisir, même de sa mort il n'est pas sûr dès le début.
Et enfin, le film nous laisse face à une question : qu'est-ce qui détermine vraiment nos choix ? Ne sommes nous pas, parfois, le deuxième choix, celui par défaut ?
Bref, un questionnement qui nous pousse à penser que nous ne sommes avec personne par hasard, et qu'il n'y a pas de véritable choix d'être avec telle ou telle personne. Et surtout que, bien souvent, c'est un vague attachement qui nous fait rester avec l'autre, bien loin du rêve de "rendre juste heureux" que formule Sandra. Une jeune femme aussi belle que simple , aussi rassurante qu'ennuyeuse par moment. Mais elle se présente là avec tout son amour comme dernier secours à une vie qui n'a plus de goût à part celui, salé, des larmes. Et tant pis, on dira que ce sont celles du bonheur même si elles ont l'arrière goût amer de la douleur et de l'échec dont on garde la cicatrice à jamais (les blessures au bras découvertes par Sandra) mais que l'on cache pour toujours, pour les autres, pour sa famille, pour ne pas avoir à dire "non", en gros à faire un choix.
Un film du non choix qui nous pousse à repenser les nôtres, ça décape quoi et c'est une bonne raison pour le voir.