Two Years at Sea par Théo Abarrategui
Aux limites de l'expérimental, "Two Years At Sea" est un curieux long-métrage britannique qui suit le quotidien d'un vieil ermite, de son sommeil profond à quelque activité méditative au milieu d'un lac, entre autres. Pas de scénario, un mystère constant et qui en reste un autour de cet homme (qui est-il ? quel est son passé ?), simplement le chant des oiseaux et l'obscurité gentiment sale du - très beau - noir et blanc qui bercent le spectateur. Une virée reposante et lancinante vers un autre monde, loin des blockbusters hollywoodiens envahissants.
Il suffit de se laisser porter et d'apprécier le rapport contemplatif à la nature (qui peut rappeler Tarkovski), l'aspect éminemment loufoque (surtout dans un tel film !) d'un vieux tacot de caravane qui s'élève au-dessus des arbres, et les rides barbues de ce visage plongé dans son cocon forestier avec ses breloques, ses vieilles photos qui reviennent en fil rouge tout au long du film, ses cassettes de musique indienne. L'odyssée d'un Robinson Crusoé qui s'est échoué, du moins métaphoriquement, dans les feuillages écossais; une ode à une vie et à un cinéma épurés, l'idée que l'on peut faire de belles choses avec un budget maigre, celui du personnage comme celui du réalisateur Ben Rivers et de son unique acteur.