Tyler Rake
5.8
Tyler Rake

Film de Sam Hargrave (2020)

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Reprocher à Tyler Rake son scénario, c’est un peu comme jouer au vegan devant la carte d’un Hippopotamus : à un moment donné, il faut être cohérent. Alors oui, un gros dur qui fait une extraction d’un gamin kidnappé en territoire hostile, c’est aussi original qu’un lapsus du 1er ministre, c’est du Man of Fire où l’on a remplacé les jalapenos par du tandoori, avec les mêmes embûches, les mêmes épreuves et les mêmes victoires. C’est aussi pour ça qu’on suit : le confort d’un triomphe annoncé.


Reprocher à Tyler Rake sa crédibilité, c’est un peu comme aller marcher pour le climat en SUV : à un moment donné, il faut être raccord. Alors oui, un mec qui prend une bastos par quart d’heure quand il abat d’une balle un opposant à la seconde, qui saute dans l’eau et médite après 30 mètres de chute, et qui se bat avec un bras en écharpe, résiste à des lances roquettes et des pare-buffles, c’est aussi vraisemblable que les déclarations de Sibeth sur le port du masque . Mais c’est aussi pour ça qu’on regarde : un vrai bonhomme aux hormones, ça vous encourage dans vos séances de muscu confinées.


Reprocher à Tyler Rake sa morale, c’est un peu comme pleurer devant Bambi au retour de la chasse : à un moment donné, faut assumer. Alors oui, un récit qui se sert de l’Inde pour justifier toutes les exécutions possibles, un warrior qui se pince de mansuétude quand il ne fait qu’exploser des radius et des gueules contre des portières parce que les opposants sont mineurs, des réflexions sur ce que c’est que l’exécution d’un homme par un gosse qui chiale, c’est aussi vertueux qu’un trader face au cours du blé. Mais c’est aussi pour ça qu’on fait semblant d’ignorer : de temps à autre, on a des pensées impures.


Reprocher à Tyler Rake ses clichés, c’est un peu comme retirer la salade du BigMac pour commencer son régime : à un moment donné, faut payer l’addition. Alors oui, un trauma lymphome avec des flashbacks d’enfant blond, une femme fatale qui exécute en talons hauts, des chaînes en or et des hélicos, c’est à peu près aussi original qu’un reportage de BFMTV un jour de neige sur Paris. Mais c’est aussi pour ça qu’on subit : on sait que de très riches décideurs imposent ces parpaings pour une plus large diffusion.


Reprocher à Tyler Rake sa violence, c’est un peu comme attendre de Vin Diesel un haiku : à un moment donné, faut savoir ce qu’on veut. Alors oui, un mercenaire qui corrige épisodiquement la surpopulation du Bangladesh et le cours du plomb, qui trucide à coup de manches de râteau, de râteau tout court, de coins de tables et de briques, c’est à peu près aussi subtil que les urinoirs pendant la fête de la bière à Munich. Mais c’est aussi pour ça qu’on reluque : le plaisir pervers de la diversité.


Se tourner vers la mise en scène de Tyler Rake pour justifier son plaisir, c’est un peu comme affirmer qu’on suit Emily Ratajkowski sur Insta pour ses textes : à un moment donné, on ne trompe plus grand monde. Alors oui, un (faux) plan-séquence d’un quart d’heure qui rentre et sort d’une bagnole, saute d’un toit à l’autre ou chute avec les belligérants, c’est à peu près aussi excitant que la pause pub pendant des Chiffres et des Lettres. Mais c’est aussi pour ça qu’on formalise : pour se donner bonne conscience et légitimer ce ballet létal plus ou moins bien filmé, et attendre la suite des aventures de Rake, Wick, Reacher ou Rama toute honte bue.

Sergent_Pepper
6
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le 28 avr. 2020

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