Véritable boule de rage masochiste, sombre et haineuse, un quinquagénaire au passé aussi torturé qu’ombrageux rencontre une femme quadra trop stoïque, compatissante et croyante pour que cette attitude soit honnête et authentique. Commence alors deux voyages personnels en un, essentiellement sentimentaux, malgré la violence et la misère ambiantes, plus morales que physiques, et si désespérément accablantes.
Entre bêtise, vulgarité, violence et barbarie populaires d’une banlieue anglaise d’une part, et pression, torture, humiliation et violence conjugales trop communes d’une banlieue chic de l’autre, leurs refuges les plongent dans l’obscurantisme personnel, le mensonge et la colère. A moins qu’ils ne se donnent le courage de transcender leur haine de soi, admettant leur propre médiocrité et les cadavres de leurs placards, condition essentielle à tout espoir commun de reconstruction.
Une véritable gifle intimiste et sentimentale, un violent coup de balai à la bienséance, aux clichés sociaux et au prêt à penser. Sans spectacularisme particulier, ni concession, pas même pour les héros, et d’un réalisme dérangeant, ce film donne envie de hurler avec nos héros, et pourtant de gagner. Il est en même temps une courageuse leçon d’apprentissage de la vie, aussi glauque, dure qu’impressionnante dans sa paradoxale beauté, et menée par des acteurs touchants, authentiques, et absolument extraordinaires de justesse.