Il n'a Paddy son dernier mot
« Tyrannosaur » ne fait certes pas dans l'originalité mais s'inscrit dans la lignée des films de Loach ou Leigh, avec le mordant du jeune premier film en sus.
Le film nous fait rencontrer Joseph, un mec paumé, alcoolo et violent, qui tente de survivre depuis le décès de sa femme. Il vit dans une quelconque banlieue d'Angleterre, dans une baraque qui semble tenir debout par la seule force d'une volonté extérieure. Joseph va rencontrer par hasard Hannah, bénévole dans une boutique solidaire qui récupère des vêtements et objets pour les revendre à des nécessiteux. Cette dernière cache également une lourde histoire.
Déjà avec un pitch pareil, ça ne pouvait que me plaire. Les films sociaux sont mon péché mignon, et il y en a assez peu finalement que je n'ai vraiment pas aimés.
J'essayerai tout de même de rester objective afin d'argumenter ma note. Déjà la première grosse bonne nouvelle dans le film, est qu'on y retrouve Peter Mullan qui est tout simplement monstrueux dans le film, même s'il est habitué à ce type de rôle, la prestation est magistrale. La seconde bonne nouvelle, c'est qu'on y découvre la méconnue Olivia Colman (qui avait déjà joué dans le premier court de Considine, avec Mullan également), toute en retenue et fragilité, dans un rôle vraiment pas aisé.
Bon, il y aussi Eddie Marsan que j'aime beaucoup mais qui là a le rôle le plus ingrat possible, donc on ne peut que le détester dans ce film.
Le casting est donc la grande force du film, au service d'un scénario un peu classique mais absolument touchant et ancré dans une réalité glaçante. La violence se mêle aux rires, les pleurs à la bringue entre potes. Tous les clichés ne nous sont pas épargnés, entre la Guiness sur le zinc et les voisins « cas sociaux » mais dans le fond, pourquoi aller inventer ce que la vie peut offrir comme histoires potentielles ? D'autant plus que Considine explique bien qu'il y a une assez grande part d'autobiographie dans son film et que ce dernier était un réel besoin et non l'envie de faire un énième film social.
Voici donc un premier film fort et brutal qui a des choses à dire et les raconte avec un certain talent. On pardonnera les quelques maladresses de débutant (notamment la scène festive-remplissage beaucoup trop longue, et certains dialogues manquant de finesse) en attendant son prochain long, en espérant que Considine retourne derrière la caméra.