Ce n'est pas encore "Das Boot".
Ce qu’il y a de bien avec les films de sous-marins, c'est qu'ils sont parfois composés de scènes d'actions d'une rare lisibilité. La trajectoire d'une torpille d'un rafiot A à un rafiot B participe pleinement à cette limpidité de la lecture de l'action, encore faut-il que le réalisateur soit suffisamment talentueux et fasse preuve d'un minimum de savoir-faire et de finesse dans ses plans pour que le spectateur sache automatiquement où l'action se déroule, ce qui n'est pas le cas de tout le monde. N'est pas Wolfgang Petersen qui veut, c'est certain.
Après avoir récemment visionné le « Das Boot » de ce dernier, chef-d'oeuvre du genre, j’ai été soudain pris d’une irrépressible envie de ne voir que des films dont l’histoire se déroule dans ces engins de guerre ultra compressés en forme de lame de couteau, hauts lieux de tension psychologique à l’atmosphère renfermée, humide et oppressante. La tension, le stress et le suspense suscités par l'attente de l'impact d'une torpille constituent de grands moments de cinéma dont je ne me lasserai jamais. A mon sens, voir des matelots regarder vers le plafond de leur rafiot, tous concentrés par les moindres signaux d'une pression de l'eau toujours un peu plus insoutenable à mesure que le sous-marin s'enfonce dangereusement vers le fond de la mer est aussi appréciable que d'attendre que deux hommes en duel dégainent leur arme dans un western.
U 571 ne se hisse pas au niveau de l'indépassable « Das Boot », je crois l'avoir suffisamment suggéré plus haut, mais à tout de même quelques qualités : très divertissant par son atmosphère psychologique, le travail sur les effets spéciaux sonores, son rythme et ses scènes d'action, il est tout aussi gorgé d'invraisemblances, de scènes grossières et inutiles (la mort par noyade d'un matelot dans les cales gorgées d'eau du sous-marin...), d'un suspense un peu trop téléphoné (le jeune matelot plein de courage tirera-t-il à temps sur la manette qui permettra de tirer au tout dernier moment cette torpille providentielle sur le destroyer des méchants?), et d'un manichéisme imbuvable exagérément saupoudré de cette morale, ces honneurs et valeurs militaires superfétatoires.
Heureusement, il y a l'excellent Harvey Keitel (je ne suis pas objectif puisque c'est lui qui écrit la critique) qui rattrape le pauvre jeu de Matthew McConaughey, visiblement en manque d'inspiration : regard hagard, yeux écarquillés presque roulants (typique des mauvais acteurs), bouche mi-ouverte, l'air trop sérieux. Ce n'est pas encore digne de ses récentes prestations, et, après tout, il faut du temps pour se construire un oscar. De toute façon, la jouissance que suscitent le tir d'une torpille, très vite suivi par la jubilation de l'explosion d'un sous-marin écrasent largement la pseudo concurrence du jeu des comédiens, encore plus si ceux-ci ne sont pas inspirés.
Un bon divertissement qui se situe pile au niveau du tirant d'eau.