Les remakes soutiennent rarement la comparaison avec l'original. Le Fugitif (1993) avec Harrison Ford était déjà une adaptation de la série télévisée homonyme en 120 épisodes des années 1960. US Marshals en est une resucée.
C'est aussi intéressant de comparer les policiers d'action américains dans le temps. Alors que la série était très dialoguée, le film de 1993 était déjà très conventionnel et sensationnaliste, mais parvenait néanmoins à allier un scénario lisible, des personnages charismatiques, de l'action bien menée, des dialogues écrits et une certaine fraîcheur.
US Marshals est d'un autre acabit : c'est typiquement une production de studio. Tout est misé sur le rythme soutenu de l'action qui n'a plus besoin d'être très plausible tandis que les dialogues sont appauvris et préformatés. Quant au scénario, il devient une excuse assez creuse (et peu lisible) pour passer d'un lieu de tournage à l'autre : des bayous du Tennessee aux immeubles new-yorkais en passant par un cimetière à Chicago.
Alors que Harrison Ford n'était pas dans son meilleur rôle dans Le Fugitif, Wesley Snipes fait ici office de cascadeur inexpressif, jamais investi d'une quelconque personnalité. Tout repose sur les épaules de Tommy Lee Jones, qui rempile pour ce remake. Sa façon badass de diriger son équipe, ses états d'âmes qui percent à travers l'armure, son charisme à toute épreuve en font le seul personnage intéressant du film, le US Marshal du titre.
US Marshals se laisse regarder, mais sans plus. Pour un film de chasse à l'homme speedé avec un zeste de complot gouvernemental, on lui préfèrera de beaucoup Ennemi d'état, avec des personnages plus investis, un scénario bien plus fouillé et un autre héros noir d'ailleurs : Will Smith. Pour un policier avec Tommy Lee Jones dans des marécages moites, voir le bon film de Bertrand Tavernier Dans la brume électrique (2009).