Anurag Kashyap a été une des grosses surprises de Cannes en 2012 avec son Gang of Wasseypur, film de gang de plus de cinq heures qui a étonné pour sa virtuosité. Bollywood sort rarement de ses frontières, mais les films de Kashyap continuent d'être distribués en France. La preuve avec Ugly, polar tout aussi percutant que son précédent film.
Ugly c'est l'histoire d'une petite fille, qui disparaît mystérieusement en plein jour au cœur du centre-ville. C'est aussi la péripétie de son père qui essaye de la retrouver. Le père, responsable de la petite au moment des faits, aura bien plus de problèmes avec les policiers en charge de l'enquête qu'avec les probables kidnappeurs. On comprend dès lors que ce thriller indien n'aura rien à voir avec les habituelles productions de Bollywood.
Ce qui est laid dans ce titre c'est avant tout cette police infâme, inefficace et dangereuse que filme sans relâche Anurag Kashyap. En effet, le chef de police, aveuglé par une affaire de vengeance, ne voit que sa vérité à lui, sans chercher à trouver les vrais coupables. Le cinéaste n'hésite pas à donner un regard terrifiant de la société indienne, comme il l'avait fait magistralement dans son précédent film. Le dernier plan du film sonne comme un véritable coup de massue, en réalité : un coup de maître !
L'essentiel du cinéma indien n'a rien à voir avec les productions occidentales. Difficilement digeste, les films de Bollywood sont rarement distribués sur nos terres, privant l'Inde du reconnaissance internationale pour le plus gros producteur de film au monde. Anurag Kashyap représente dès lors une image de proue d'une nouvelle vague indienne. Ugly c'est donc un grand thriller indien à la sauce occidentale. Du cinéma indien extrêmement efficace, le folklore, les chants et les danses en moins. Ça donne un polar haletant, à cent à l'heure où aucune scène n'est de trop. Le tout filmé avec la même virtuosité qui a fait le succès de son auteur.
Ugly sonne comme la confirmation, avec une seconde sélection à Cannes, d'un vrai retour du cinéma indien hors de ses frontières. Anurag Kashyap propose des films universels, tout en parlant de son pays. Comme l'avait fait un certain Satyajit Ray en son temps. À suivre de très près.