Efficace et rythmé, Ugly n'est pas seulement un thriller indien à la forme occidentale. S'il se délecte d'un récit complexe et parfois confus, il dessine en creux l'itinéraire sans issue de personnages désespérés tentant vaguement de survivre dans un monde désespérant.
On se perd parfois, on ne sait plus qui est qui, qui a fait quoi ou qui aurait fait quoi. La première partie nous fait craindre un récit à sec aux personnages caricaturaux [le chef flic Shoumik notamment], puis les circonvolutions narratives déconstruisent les schémas imposés et mettent en évidence faux-semblants et veulerie généralisée.
Si le film démarre sur l'enlèvement d'une petite fille, on se rend vite compte que son cas intéresse moins les personnages que leurs règlements de compte personnels. La question n'est rapidement plus de retrouver la gamine, chacun ou presque mettant au contraire toute son énergie à se mentir, se tromper, se voler et s'étriper.
Devenant de plus en plus noir voire glauque, le film d'Anurag Kashyap ne laisse bientôt plus de place à l'humanité. Plus d'avenir, plus d'espoir.