Adilkhan Yerzhanov, de par son trépidant rythme de tournage (2 films par an, grosso modo), commence à s'imposer comme le Hong Sang-soo kazakh, dans une tonalité certes différente du cinéaste coréen, mais avec une utilisation toute aussi astucieuse du minimalisme sur des formats souvent resserrés (71 minutes pour Ulbolsyn). Réalisé après Yellow Cat et avant trois derniers films (dont le très perturbant Assault), Ulbolsyn vient de l'insistance de son interprète féminine, auprès de Yerzhanov, afin que ce dernier donne plus d'importance aux rôles féminins dans ses sujets. L'héroïne du film, citadine et "libérée" se heurte ici au patriarcat traditionnel des campagnes kazakhes, thème qui permet au cinéaste de tenter une fois encore son cocktail de drame, de comédie (noire) et de situations absurdes et/ou kafkaïennes. Cela fonctionne un peu moins bien que dans certains des films précédents du réalisateur, peut-être parce que les personnages masculins y sont vraiment très chargés et que le mélange des styles est parfois très abrupt mais l'ensemble est efficace, bien que de nombreux détails "locaux" soient peu compréhensibles hors du Kazakhstan. Un bon coup de pied au machisme ambiant, en tous cas, qui se termine de manière radicale parce qu'il n'y a guère d'autres solutions pour faire entendre une voix féminine et qui, de ce fait, parle distinctement à tous ceux et celles qui luttent pour une véritable égalité entre les deux sexes.