De la beauté d’une rencontre improbable : il y a une poésie indéniable qui se dégage du film Ulysse et Mona. Elle ne vient pas de prime abord par les paysages (bien que Betbeder ne manque pas de talent pour montrer des paysages qui collent à son univers et à l’état d’esprit de ses protagonistes). D’autant qu’à l’instar de son précédent film Deux automnes et trois hivers (2013), Betbeder fait le choix du format 4/3 pour mieux concentrer son image sur les personnages qu’il décrit. Cette poésie, elle vient justement de la beauté de ces êtres un peu perdus dans un monde qu’ils ne comprennent pas et où ils vont grandir, ensemble.
Dépouillé de tout artifice, renforcé par une bande originale (composée par le duo Minizza) qui lui confère un ton singulier, entre le fantastique et le méta, le film de Sébastien Betbeder s’appuie sur son duo impeccable : Eric Cantona confirme non sans subtilité ses talents dans ce rôle de misanthrope en quête d’amour. Manal Issa transcende la caméra avec son jeu hypnotique et sa candeur. Il y a un dans cette rencontre entre deux générations un petit quelque chose du duo Murray-Johansson, dans Lost in Translation. L’atmosphère onirique en plus.
Teinté d’humour et de mélancolie, naïf et émouvant, Ulysse et Mona est un film un peu à part, inclassable, plein de charme.