« Umrika » est reparti de Sundance avec un prix du public amplement mérité, tant il est généreux.
L’Inde, début des années 80, c’est toute la communauté de Jivatpur qui est rassemblée pour fêter le départ d’Udai pour les Etats-Unis, le pays rêvé, terre de toutes les promesses. Dans son sillage, Ramakant, le petit frère restant au village et qui, comme sa mère et nombre d’habitants fantasmeront sur cette destination, cette réussite d’un aîné plein d’ambition. C’est le point de départ de cette histoire dont les ramifications surprenantes vont bouleverser toutes les convictions.
La bande annonce est trompeuse du reste, car de l’Umrika est un rêve, et le film s’ancre plus dans une Inde secouée de troubles (assassinat d’Indira Gandhi entre autre), en pleine évolution au niveau des mentalités, prémices sociétales d’un pays aujourd’hui émergent économiquement parlant. Cette ingéniosité scénaristique, permet de resituer un contexte historique, où les castes, l’honneur et le conformisme social pèsent lourdement sur les mentalités. Le seul moyen d’y échapper est la fuite, vers un Elodrado illusoire, ou le mensonge, et dans tous les cas l’isolement.
Mais « Umrika » n’est pas pour autant un film politique, cette trame ne servant qu’à mettre en valeur cette belle histoire familiale dont le lourd tribut émotionnel ne peut laisser insensible. Le film démarre comme un feel good movie et se transforme peu à peu en drame, sans pour autant s’éloigner d’une certaine légèreté. Cette crédibilité repose sur les épaules de Suraj Sharma (déjà remarqué dans « L’odyssée de Pi ») impressionnant dans le rôle de Rama, mais aussi grâce à ce casting de choix : Smita Tambe (magistrale dans le rôle de la mère), Tony Revolori (« The grand Budapest Hotel ») ou encore Prateik Babbar.
Dans ces mêmes années 80, le cinéma réaliste indien renaissait (faisant un peu oublier l’icône Satyajit Ray) sur l’impulsion d’une jeune réalisatrice Mira Nair (« Salaam Bombay »), on sait aujourd’hui, Entre « Titli, une chronique indienne » de Kanu Behl sorti il y a quelques semaines et « Umrika » que la relève est assurée.