Un amour abusif, déviant et dévergondé par Gewurztraminer
En intermède de sa série Tokugawa, Teruo Ishii prend les rennes d'un projet plus classique en s'attaquant à un mélodrame intimiste entre une épouse battue et son mari instable. Un sujet qui s'inscrit cette fois ci dans une période contemporaine et abandonne la vision fantasmée d'un age médiéval décadent. Las, Ijo seai kiroku, harenchi apparaît bien vite comme un film purement alimentaire où tel un Masumura du pauvre, les tares d'un Ishii en pilotage-automatique y apparaissent rédhibitoires. Cinéaste 'masculin' par essence, son portrait de femme frappe par la dimension unidimensionnelle de son héroïne passive et résignée. Peinture d'une femme violentée souhaitant cacher les apparences au monde extérieur, l'ensemble prend vite les allures d'un sexploitation terne et fauché où les clichés s'enfilent sans vergogne ; la composante érotique y apparaît en berne, plans de douches et ébats forcés liant sans entrain de fades vignettes gravitant autour du mari instable, d'une belle-mère inquiète et d'un amant synonyme d'espoir.
Le récit se focalise inexorablement vers la figure du mari, reflet pervers et excentrique typique du cinéaste, qui s'il semble profiter d'un peu plus d'attention se révèle un élément narratif propice aux exubérances qui plombent définitivement le drame en cours. Des séquences vaudevillesques, où s'invitent les redoutés cabotins homosexuel, témoignent directement de l'ennui mortel qu'il devait régner sur le tournage. S'y ajoute une mise en scène résignée enchaînant les séquences d'intérieur claustrophobes avec quelques effets avares (reflets de miroir, gros plans distordus). Tout juste retiendra-t-on un effet gore impromptu (le corps du mari calciné par un éclair) d'un film où la dimension tragique et sensuelle est aux abonnés absents. En l'état, Ijo seai kiroku, harenchi ne tient d'intérêt que comme révélateur des limites flagrantes d'un cinéaste vite redirigé vers des univers plus stimulants et moins subtils.