Des silhouettes se dessinent sur un fond bleu/vert aux contrastes nets. C'est une scène d'ombres chinoises, presque un décor de théâtre. La caméra, au loin, observe, l'œil se promène sur l'écran. On sent la chaleur des soirs d'étés, les conversations comme des murmures, en apesanteur.
Le cinéaste se fait voleur, observateur silencieux, en retrait. Il regarde le spectacle, les groupes de jeunes gens assis par terre, autour d'une table, allant et venant. Le spectateur est avec lui, promeneur solitaire, animal de nuit. Puis on se rapproche. Les conversations s'entendent. On les prend en court, ne sachant pas comment elles se sont construites, ce qui les a amenées là. On y parle de relations amoureuses, de soi, de son rapport aux autres, de la vie.
C'est un travail documentaire singulier dont l'approche de voyeur devient bienveillance. Promenant sa caméra sur le Mont Royal, Jean-François Lesage capte l'atmosphère douce des nuits d'été à des heures ou le temps semble suspendu, échappé, libre. Les jeunes boivent, fument, s'étendent sur l'herbe, se touchent, rient, s'embrassent. Ce sont des heures gagnées sur le monde et sa violence, des minutes volatiles mais denses, des instants de vérité.
Formellement superbe, l'image travaillant des aplats abstraits, plaçant les corps sur la toile et les visages dans la lumière avant d'en retrouver d'autres, de passer à un autre groupe, de capter d'autres instants suspendus, le film est ponctué de courts poèmes de Jonathan Lamy, comme des pensées fugitives mais évidentes et de plages musicales de Gold Zebra venant en souligner la douceur.
Simple mais puissant, Un amour d'été se love dans une courte durée (63 minutes) pour mieux nous envelopper. C'est du cinéma moderne et beau, évident.

pierreAfeu
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le 18 oct. 2016

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