Au-delà de réussir à adapter le roman de Christine Angot sans en lever la complexité ni l’âpreté, Un Amour Impossible brosse un magnifique portrait de femme sur trois générations, toujours forte malgré l’image d’être passif que ses proches aiment souvent lui renvoyer. Pour l’incarner, Virginie Efira semble se nourrir du soleil ambiant et irradie l’œuvre à la manière d’un astre qui, même blessé, ne décline pas : ses trois âges lui offrent une palette de jeu dont elle se rend maître, à l’aise en jeune femme, en mère et en grand-mère usée par la vie. Si le troisième tableau, à cause de l’ellipse le séparant du précédent, sonne de façon légèrement exagérée – l’évolution psychologique de la fille, bien qu’amorcée plus tôt, surprend –, il éclaircit toutefois le mystère inhérent au film, à la manière d’une intrigue balzacienne : le couperet tombe, cet amour impossible est d’ordre social, rejoue en sourdine une lutte des classes sur fond de mépris. Et la très grande force du métrage est de construire des îlots de sublime dans les creux d’une existence mortifère, qui tire des silences, des absences et des non-dits une force vitale des plus bouleversantes. Un très beau film.