Michel Vianey débutera au cinéma par deux comédies avant de bifurquer vers le polar, dont cet "Assassin qui passe", sans doute son meilleur film. Outre une distribution tip top, des premiers aux seconds rôles (Sentier, Atkine, Bertin s'il vous plaît !!), Vianey réussit particulièrement bien à traduire un climat particulièrement flippant: on est en hiver, les personnages crèvent de solitude (au sens propre comme au figuré) et n'arrivent pas à se trouver comme si la communication s'était rompue. Trintignant, fin psychologue dans sa peau de flic, incarne cette société repliée sur elle-même (il vit seul, divorcé car plaqué par sa femme), pleine de défiance les uns envers les autres; ce magnifique acteur excelle dans l'ambiguïté, ici: tantôt séducteur envers Carole Laure, tantôt glacial, implacable comme lors des scènes qui ouvrent et clôturent le film où il tue comme un justicier vengeur qui n'aurait de compte à rendre à personne. Richard Berry, quant à lui, dans l'un de ses premiers premiers rôles, arrive sans mal (quoique un peu surjoué par moments) à composer ce personnage à double facette, attachant à bien des égards et pourtant psychopathe sexuel, meurtrier récidiviste. Il interprètera par la suite des personnages fragiles, en mal d'amour et déterminés pour cela jusqu'à l'excès ("Une chambre en ville", "Le jeune marié"). On le voit, si l'intrigue est simple, "Un assassin qui passe" m'a captivé avant tout par la psychologie complexe des personnages (celui de Carole Laure y compris), l'ambiance désespérée de cette société, violente et éclatée, sur une remarquable musique jazzy.