Après Saint George, consacré à la crise financière au Portugal, Marco Martins a posé ses caméras dans une ville du Norfolk, là où de nombreux travailleurs portugais ont émigré, pour exercer un travail que la population anglaise refusait de faire. Un automne à Great Yarmouth se déroule en 2019, quelques mois avant le Brexit, et les scènes dans une usine agroalimentaire sont parmi les plus éprouvantes d'un film dont l'atmosphère peut être qualifiée, sans une hésitation, de sordide. Son ambiance est souvent celle d'un film d'horreur, avec aussi un aspect documentaire marqué, fruit des nombreux témoignages que le cinéaste a pu recueillir en ville et en amont du tournage. Ultra stylisé, rude et plutôt opaque dans son approche, le récit a tendance d'emblée à écœurer plus qu'à captiver, aux basques d'une héroïne antipathique au possible, qui touche sa part de l'exploitation éhontée de la main d’œuvre à bon marché formée par ses compatriotes portugais. Sans doute conscient de l'aspect uniformément glauque de ce qu'il raconte, Marco Martins a eu heureusement l'idée d'introduire une histoire d'amour dans son récit, bien que celle-ci ne brille pas par son romantisme. Cela a au moins l'effet d'humaniser son personnage principal et le film tout entier, qui en a bien besoin. Pour autant, Un automne à Great Yarmouth n'est pas une partie de plaisir et sa noirceur a hélas bien peu de nuances à offrir.

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le 3 juil. 2023

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