Avec Un autre monde, Stéphane Brizé clôt une trilogie entamée avec La loi du marché et poursuivie avec En guerre, toujours accompagné d'un Vincent Lindon investi comme jamais. Un autre monde est un portrait de dirigeant d'entreprise, ou plutôt d'un exécutant des directives d'un groupe américain, dans une vision juste et glacée d'une machine à broyer les humains, à savoir le capitalisme. Le film, dans sa structure très sèche, fait alterner scènes des vies professionnelle et privée de son personnage principal, sans qu'aucune ne réponde directement à la précédente, les informations ne nous étant communiquées que dans un plan ultérieur. Ce montage, qui peut sembler abrupt de prime abord, est la source de l'efficacité d'Un autre monde, nous obligeant sans cesse à l'attention du moment présent. Force est de constater que les séquences consacrées à la famille du héros sont relativement peu nombreuses (c'est dommage pour Sandrine Kiberlain, que l'on aurait aimé voir davantage) comparées aux passages dévolus aux séances de travail, au plus haut niveau. Ce sont ceux-ci les plus passionnants, lourds d'un cynisme effarant, plus on monte dans la hiérarchie. A ce propos, il convient de souligner la formidable prestation de Marie Drucker, plus que crédible dans un rôle terrifiant. Quant à Vincent Lindon , que dire d'autre sinon qu'il est parfait, comme d'habitude.