Troisième film de Stéphane Brizé sur le monde du marché, qui conclut pour l'instant l'officieuse trilogie du travail, Un autre monde voit un directeur d'usine contraint d’exécuter un plan social. Après un employé (La loi du marché) puis un syndicaliste (En guerre), Vincent Lindon interprète ici la figure du patron.
Malgré une belle scène d'ouverture, le réalisateur-scénariste tombe dans l’écueil d'ajouter le drame ou drame. Le protagoniste mène ainsi trois combats simultanés. Son travail, élément central, son divorce, relativement pertinent au regard de l'intrigue principale, et la maladie dont souffre son fils, plus anecdotique.
L'intrigue principale si elle demeure intéressante et pertinente défaille par sa construction très linéaire et prévisible. Elle aurait gagné également par moins de manichéisme à l'instar du grand patron américain presque clownesque ici. Mais l'immersion est réussie notamment par le champs lexical qu'utilisent les cadres de l'entreprise comme les éléments de langages et expressions toutes faites scandées comme des slogans.
Film sociétal et politique, Un autre monde pêche autant sur le fond que sur la forme. Par une certaine banalité dans le discours et un récit bien trop fade, le troisième film de Stéphane Brizé aboutit à une œuvre convenue. Cela n'enlève rien, bien sûr, à la pertinence du propos.