Intéressant ce petit film. Je ne connaissais pas du tout, une bonne surprise.
On trouve de bonnes idées dans le scénario : le plus intéressant, pour moi, c'est la construction des personnages. Ils sont caractérisés et connaissent une belle évolution, le tout étant finement exploité. Ce qui m'a moins plu, c'est la structure, même si elle fait la part belle aux personnages. En effet, arrivé à la moitié du film (ou un peu plus loin), on change de ton, de registre. Le problème, c'est que la redéfinition des objectifs prend un peu de temps et ainsi on se demande pendant 20 bonnes minutes au moins de quoi sera faite l'intrigue désormais. Une fois que ce deuxième film est lancé, ça fonctionne assez bien : je retiendrai surtout le parallélisme entre la mer et le prisonnier, ainsi que leur confrontation finale. Mais cette partie, aussi sympathique soit-elle, souffre d'un manque d'approfondissement : ça aurait pu être poussé plus loin. Les conflits sont d'ailleurs moins nombreux dans cette deuxième partie, même si cette chasse à l'homme s'avère plaisamment orchestrée. Disons que cela aurait pu être pire : les scénaristes ont réussi à relancer l'intrigue avec les mêmes cartes plus ou moins, il ne s'agit pas d'une redistribution complète.
La mise en scène est également appréciable : c'est fort typé années 70, avec des zooms, du gros grain, des traveling pas toujours adroits, mais j'aime ce style. Les acteurs sont très bons : Alberto Sordi excelle tant dans le registre comique que dramatique. Et puis Shelley Winters que je n'avais pas reconnu mais que j'ai tout de même trouvé séduisante, du moins dans la première partie du film ; le travail de maquillage à son égard est remarquable ; celui sur Alberto est moins réussi mais reste intéressant pour marquer le coup. N'oublions pas le travail sur les décors qui sont assez bien exploités, bien filmés et complètent ainsi ce que l'on sait des personnages.
Bref, "Un borghese piccolo piccolo" est un film assez intéressant mais qui souffre de quelques chutes de rythme, malheureusement, à cause d'un changement de direction en plein milieu du film.