"Que reste-t-il de ces beaux jours"...Que faut-il retenir de ce film? Tout d'abord, comment ne pas évoquer la fabuleuse scène onirique d'ouverture de bal, tout en effets flous et ralentis, jusque dans l'envoûtante Valse Grise de Jaubert, merveilleusement orchestrée et distillée dans le film.
De la galerie de rencontres avec les anciens soupirants de Christine (l'héroine), je retiendrai surtout, parmi les prestations, celle de Pierre Blanchar, en médecin pathétique, point d'orgue du désenchantement de l'héroine. Egalement la scène avec Louis Jouvet, dont les répliques savoureuses viennent transcender le personnage d'avocat radié du barreau, recyclé en tenancier de cabaret, rôle qui aurait mérité une écriture plus soignée (la séquence de l'arrestation arrive un peu trop comme un cheveu sur la soupe, notamment).
Je reste perplexe par rapport au choix de l'actrice Marie Bell (franchement pas très bell-e) en héroine briseuse de coeurs censée faire tourner les têtes. Son personnage, dont le blond platine hollywoodien n'est ni seyant ni sexy, demeure beaucoup trop froid et lâche pour rendre crédible l'amour fou d'ex-prétendants. Je partage assez l'avis de Jacques Siclier au sujet de l'actrice et "ses airs apprêtés, ses toilettes à l'élégance tapageuse pour chaque sketch, et son interprétation qui sonne faux"...comme le "Taisez-vous, sacrilège", plat comme une crêpe, dénué d'émotion, qu'elle adresse à son ami Brémont, lequel a d'ailleurs un certain mérite pour continuer à tenir compagnie à une donzelle aussi terne.
Le credo de ce film plein de tristesse et d'amertume est proclamé: mieux vaut ne pas déranger le passé, du moins certains passés peu glorieux, et tenter de se rattraper dans le présent, avec en conclusion "happy end" une adoption improbable...partout, sauf à Hollywood.