Quand le chien se mord la queue

Dans les années 80, les seules réussites de Pierre Richard sont celles qui le rattachent à Francis Veber. Hormis cette remarquable trilogie qui fait partie des grandes comédies françaises, Pierre Richard, qui fut une machine à succès dans les années 70, s’est enlisé dans des projets peu convaincants. Un Chien dans un jeu de quilles, s’il n’est pas le pire, illustre parfaitement la difficulté de l’acteur à se renouveler. Si ses pitreries sont ici en retrait (et c’est une très bonne chose), c’est le scénario qui ne suit pas. Dommage car le pitch pouvait laisser espérer une comédie franchement sympa et originale. Au lieu de cela, cette comédie rurale ne va jamais au bout de ses idées, se contentant de jeter ici ou là quelques bons mots au milieu de gags poussifs.

Avec un joli casting composé d’un excellent trio (Pierre Richard, Jean Carmet et Julien Guiomar), on peut regretter une telle paresse générale. L’ensemble n’est certes pas désagréable mais les vrais bons moments sont assez rares, certaines séquences (comme celle de la confrontation finale par exemple) frôlent le ridicule et les situations ne sont jamais totalement exploitées. Ne sachant pas toujours s’il veut mettre en scène une comédie de personnages ou une comédie de situation, Bernard Guillou semble effleurer les deux perspectives pour finalement ne faire ni l’un ni l’autre. Seuls les numéros d’acteurs évitent alors de faire sombrer l’ensemble dans un naufrage total.

Le réalisateur, par ailleurs, s'égare dans plusieurs scènes paillardes, effeuillant ainsi Béatrice Camurat dans une scène délicieuse mais inutile, et suggérant la sensualité d’une toute jeune Fanny Bastien dont le rôle apporte peu à l’ensemble. Ces deux éléments semblent confirmer que le réalisateur a bien du mal à trouver un ton et un cap à son entreprise qui se veut plutôt familiale et bon enfant. En ce sens, on comprend assez mal une scène aux allures de viol qui détonne dans un tel projet. Un projet, on le comprend donc, bancal et pas vraiment convaincant qui n'a pas su tirer profit de son pitch et de son casting.