Les frères Clemens,trio de pilleurs de banques en cavale,arrivent dans un ranch isolé pour y voler des chevaux.Après avoir dessoudé le maître des lieux,ils violent sauvagement son épouse,la belle Hannie,avant de repartir, le coeur et les testicules plus légers,pour d'autres aventures.Mais la dame,et on la comprend,n'est pas très contente et entreprend de poursuivre,à fin d'extermination,les trois affreux.En route,elle sympathise avec un chasseur de primes tireur d'élite qui va la coacher pour l'aider à assouvir sa vengeance.Curieux mélange que cette production anglaise réalisée et principalement jouée par des américains,sortie en pleine période du western spaghetti.En effet,en 71,les italiens étaient à fond dans le genre et Sergio Leone avait déjà fait tous ses westerns entre 64 et 68.On retrouve donc ici à la fois les codes du western classique et du spaghetti.D'un côté les chevauchées à travers des décors désertiques superbes filmés en scope,les fusillades,les hors-la-loi traqués,le héros invincible et taiseux,le thème rebattu de la vengeance,le tout soutenu par la solide réalisation de Burt Kennedy,un vétéran du genre,la jolie photo d'Edward Scaife et une bonne musique western de Ken Thorne.Mais en plus on a pour le même prix les éléments favoris des ritals,lenteur de l'histoire,violence très graphique,humour noir, érotisme latent et tournage en Espagne,dans la célèbre région d'Almeria.Ce sont ces ajouts qui posent problème,car ils constituent à la fois la force et la faiblesse du film.Sans eux,on n'aurait qu'un western ordinaire de plus,et Kennedy n'a pas eu tort de s'inspirer du modèle italien,qui s'était lui-même abreuvé aux sources américaines.Hélas,ce sont des paramètres qu'en bon classique il maîtrise mal.Par conséquent,la lenteur des développements,faute d'égaler la puissance des plans et des cadrages d'un Leone,sans parler de la musique de Morricone,ne provoque qu'ennui et cassures de rythmes,notamment dans la beaucoup trop longue séquence chez l'armurier.Pour ce qui est de la violence,elle sonne faux avec ces jets de "sang" vermillon inauthentiques au possible.Quant à l'humour,mal dosé,il verse dans le clownesque,les échanges entre Borgnine et Martin rappelant plus Laurel et Hardy qu'Eastwood et Wallach.Le réalisateur a été plus heureux en ce qui concerne l'aspect érotique.Il faut dire qu'il bénéficie du potentiel énorme en la matière de la sublime Raquel Welch.Kennedy mixe tout ça avec plus ou moins de réussite,pour aboutir à un résultat mitigé.Il émane cependant du film un parfum de féminisme inhabituel en ce contexte.Il y là une héroïne,et le scénario montre clairement les difficiles conditions de vie des femmes en ces contrées et à cette époque pas encore civilisées,et où elles sont souvent condamnées à être des proies ou des prostituées.Pour surmonter son traumatisme,Hannie devra devenir aussi dure et aussi habile au maniement des armes que les hommes.Le casting est de qualité,avec à sa tête une magnifique Raquel Welch qui,au-delà de son incroyable beauté,livre une très efficace performance.Robert Culp,en pistolero énigmatique las de tuer,est excellent.Le trio de brutes dégénérées est incarné par les formidables acteurs,aux vraies gueules de tarés,que sont Ernest Borgnine,Jack Elam et Strother Martin.Dommage que le contexte les contraigne souvent à surjouer.Dans des petits rôles apparaissent les anglais de service,Christopher Lee,Diana Dors et Stephen Boyd.