Nous sommes en plein dans la meilleure partie de la carrière de Frankenheimer celui qui réalisera dans un jour encore très lointain l’infâme Ronin que même son gâtisme d’alors ne pourra complètement excuser. Mais heureusement, dans les années soixante, le bougre se défend très bien, surtout grâce à toute une série d’efficaces collaborations avec Burt Lancaster. Ici, il fait d’ailleurs une petite parenthèse sans lui, faut dire qu’il vient de tourner le prisonnier d’Alcatraz et que Sept jours en mai, son chef d’œuvre de politique fiction un tantinet paranoïaque va suivre très vite…
Justement, avec Un crime dans la tête, on titille déjà gentiment ces thématiques toujours délicieuses en pleine guerre froide avec une résurgence de Maccarthysme pour la saveur…
C’est l’histoire d’un complot démoniaque avec des bouffeurs de riz sournois, des lavages de cerveau à l’institut Pavlov et tout un tas de simagrées un peu douteux qui donnent à l’ensemble un petit ton de bande dessinée plus maladroit qu’antipathique.
Frank Sinatra joue un vétéran de Corée qui fait de drôle de cauchemars, pendant ce temps-là, Laurence Harvey revient décoré du front et essaie d’oublier son affreuse génitrice et son sénateur de mari, sorte de sosie dégénéré et alcoolique de Dominique Pinon. La mère abominable, c’est Angela Lansbury, une variante prémonitoire de Boutin qui installerait la table du Tea Party, comme une vision idyllique du foyer américain modèle…
Au milieu de tout ça, on croise Janet Leigh sans trop savoir pourquoi, elle vient de devenir une star avec Psychose alors on rentabilise de façon pas toujours convaincante, surtout que je n’arrive toujours pas à comprendre ce qu’il peut y avoir d’attirant chez Frank... Enfin, il y a une chouette scène de wagon-Leigh, ça donne une excuse… Et puis sinon, j’adore la bouille de John McGiver, je suis toujours content de le revoir, même dans un rôle trop secondaire… Pour les amateurs de curiosité bis, il y a aussi le méchant de Nico avec un quart de siècle en moins, même que ça donne un duel d’arts martiaux à un moment…
En dépit d’un scénario un peu cornichon, le film se révèle très agréable, gentiment désuet mais aussi bougrement efficace, et ça devrait suffire aux amateurs de thrillers politico-paranoïaques des sixties, après tout, les autres n’étaient de toutes façons pas réellement concernés…