Un, deux, trois
7.1
Un, deux, trois

Film de Billy Wilder (1961)

Et moi qui me plaignait de la frénésie de Catch 22... En voilà un autre de rythme frénétique, mais cette fois-ci beaucoup moins surréaliste, fragmentaire et onirique : Billy Wilder tranche dans le lard direct et pose le décor de Berlin-Ouest de manière massive. Un directeur de la filiale allemande de Coca, une politique expansionniste, un grand patron qui arrive bientôt et une fille qui fricote avec un jeune communiste de l'autre côté, menaçant grandement les désirs d'ascension au sein de l'entreprise de celui qui en avait la responsabilité. On peut dire sans trop exagérer que le tableau est très chargé et que Wilder ne fera que ça pendant tout le film : balancer les stéréotypes des deux bords (capitalisme vs communisme) les uns contre les autres dans un grand bazar fracassant, à un rythme qui confine à l'hystérie. On croit pendant l'introduction que les premières minutes foncent à toute allure pour imposer un rythme qui va se poser rapidement... Sauf que c'est tout l'inverse, il n'ira qu'en s'accroissant et il culminera à la fin avec une session relooking express particulièrement assommante avec sa nervosité sans relâche.


James Cagney dans une satire pareille, je dois avouer que c'est un des morceaux les plus difficile à digérer. L'acteur assure pas mal dans le débit de paroles qui donne un semblant de tenue à la comédie, mais clairement c'est un choc de le voir dans ce rôle au milieu d'une farce — on a même droit à une référence au pamplemousse trente ans après en avoir écrasé un sur la figure de sa petite amie dans L’Ennemi public, et ce dernier avait une toute autre signification, infiniment plus violente. Mais tout cela reste très étrange, surtout au milieu de l'hystérie générale, qui emplit l'espace de multiples gesticulations (pour cacher les faiblesses des autres, si l'on apprécie le propos du film, pour cacher les faiblesses du film, si l'on apprécie moins).


Le grotesque ne sied pas toujours à la satire de guerre froide en 1961, et devant la profusion de gags il y en a bien quelques-uns qui fonctionnent selon la sensibilité de chacun, mais le résultat n'est pas aussi cinglant et puissant qu'espéré. La matinée pour transformer un révolutionnaire communiste en gendre capitaliste idéal est très lourdingue : le bal des couards et des corrompus s'essouffle de lui-même par acharnement et répétition. J'ai ri en apprenant que l'apparition finale de Pepsi est due à un message désapprobateur de Joan Crawford, nommée au comité directeur de Pepsi-Cola, lui reprochant de faire la part trop belle à l'entreprise concurrente.


Et bien sûr, dans le torrent de répliques et traits d'esprit, des bonnes et des moins bonnes, en nombre incalculable.


"I will not have my son grow up to be a capitalist. - When he's 18 he can make his mind up whether he wants to be a capitalist or a rich communist."


"Schlemmer you're back in the SS, small salary! "


"But if I defect, you know what they will do to my family? They will line them up against the wall and shoot them! My wife, and my mother-in-law, and my sister-in-law, and my brother-in-law. — Comrades, let's do it!"

"I'll pick you up at 6:30 sharp, because the 7 o'clock train to Moscow leaves promptly at 8:15."

"Some of the East German police were rude and suspicious. Others were suspicious and rude." (les répliques de cet acabit, lourdes et pas incroyablement drôles, sont légion)


https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-deux-trois-de-Billy-Wilder-1961

Créée

le 3 juil. 2023

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Morrinson

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