Pour son premier long-métrage, la réalisatrice tunisienne Manèle Labidi Labbé tente de dresser un portrait de la situation politique et sociale de son pays, en abordant le prisme de l’humour, de la dérision. Même si le film aborde des points intéressants, le traitement global, reste à désirer.
Un divan à Tunis, relate l’histoire de Selma Derwish, 35 ans, psychanalyste ayant vécue quasi toute sa vie à Paris, qui décide de quitter son pays d’accueil pour retourner vivre en Tunisie et y ouvrir son cabinet de psychanalyse.
Le speech avait tout pour plaire. La psychanalyse a souvent été vue (à tord), par de nombreuses personnes, (et d’autant plus dans le monde arabe) comme étant une lubie de riches, d’européens, d’occidentaux. Transposer cette pratique dans un pays du Maghreb relevait dès lors de la folie voire du suicide, et c’est précisément ce qui faisait l’intérêt de ce long-métrage ! Ces difficultés, le film les traite avec assez bien de réussite et de réalisme. Selma va vite se rendre compte que son pays n’est pas ouvert, n’est pas prêt pour « la science de l’âme », qu’il dénigre d’ailleurs avec force. Elle va rapidement voir se hisser devant elle de nombreux obstacles pour lui empêcher d’exercer sa profession, tant au niveau judiciaire qu’administratif.
Et pourtant, le film ne dépassera jamais la petite comédie sympathique qui nous tire de temps en temps un petit sourire. Peut-être est-ce ça le souci, d’avoir voulu traiter de ce sujet avec trop de légèreté. Cela aurait pu être une tribune, un traitement, une analyse plus en profondeur de la société Tunisienne… On regrette l’écriture des personnages parfois à la limite de la caricature… Le film veut aborder trop de sujets (l’homosexualité, l’alcool, la religion, la liberté…) et le fait donc de manière superficielle (et avec lourdeur) ce qui fini par le desservir. L’interprétation de Golshifteh Farahani laisse de marbre et quasi aucun personnage secondaire ne tape à l’oeil, à l’exception de l’employée administrative qui nous arrache des sourires et de la sympathie .
Un divan à Tunis aurait pu apporter un regard vif, acerbe, critique des dérives d’une société perdue depuis le Printemps arabe, mais au final, seul un divan vide nous attends.