C'est le prisme de la comédie qu'a choisi Manele Labidi et elle a eu mille fois raison car son film est drôle et intelligent, multipliant les saynètes avec des patients plus ou moins impatients et étranges, et évoquant par ailleurs les nombreuses tracasseries administratives que doit affronter l'héroïne du film pour que son cabinet ait une existence légale (sous-entendu : les lourdeurs, privilèges et prévarications n'ont pas disparu après la chute de Ben Ali). Un divan à Tunis ne se prive pas de se moquer au passage du machisme ambiant, toujours vif, en montrant comment les femmes le combattent avec un certain génie. Très à l'aise dans son rôle de psychanalyste fraîchement débarquée de Paris, la merveilleuse Golshifteh Farahani fait souffler un vent de liberté et de provocation madrée dans une société encore bien confite dans un fonctionnement désuet.
Loin d'être une expérience dévastatrice pour nos sens et nos conceptions philosophiques, "Un divan à Tunis" n'en constitue pas moins un très agréable divertissement, bien plus malin que ce que l'on pourrait en penser au premier regard. Une petite thérapie qui met du baume au coeur, on serait bête de la refuser!