Un espion de trop
5.8
Un espion de trop

Film de Don Siegel (1977)

Pas le polar le plus réputé de Don Siegel, pas le film d’action le plus efficace de Charles Bronson, pas le rôle le plus marquant pour Donald Pleasence. Et pourtant que de noms à ce générique avec Peter Hyams à l’écriture, Lalo Schifrin au score, et donc ceux précédemment cités, sans oublier Lee Remick ou Patrick Magee. Le résultat n’est pas mauvais, bien loin de là. Au contraire, le film traite avec une indéniable originalité la question des « espions dormeurs » en y ajoutant une pointe de fantastique avec le thème de l’hypnose. Dommage que Don Siegel ne parvienne pas à rééquilibrer les lacunes évidentes du script. Hésitant entre le pur film d’espionnage doté d’une ambiance paranoïaque et le film d’action, le réalisateur livre une œuvre qui peine à choisir son camp. C’est à cela qu’on comprend que nous avons affaire à une œuvre de commande et que l’implication du cinéaste est donc restée plutôt limitée. Dommage pour certaines scènes plutôt bien amenées et un suspense croissant franchement pas désagréable.


Mais plusieurs soucis majeurs rendent l’ensemble peu convaincants. Charles Bronson, pour commencer, dont le jeu n’est pas contestable mais qui ne fait franchement pas illusion dans le rôle d’un gradé russe. Son physique, son tempérament et l’image qu’il s’est construite lors des années précédentes ne font pas de lui l’interprète idéal. Le duo qu’il forme avec Lee Remick, s’il détonne efficacement parfois, reste déséquilibré, la faute à un scénario qui définit mal les personnages et qui semble bien embarrassé quand il s’agit de les confronter. Dans cette même logique, le final ne s’inscrit pas du tout dans la tonalité du film et il est difficile de croire la décision prise par les deux protagonistes. Dans le même ordre d’idée, on comprend mal la place laissée puis soudainement retirée à Tyne Daly dont le rôle, d’abord important, se révèle finalement totalement anecdotique, comme si les scénaristes avaient subitement décidé de faire des coupes dans leur récit pour le rendre plus rythmé. Curieux procédé quand l’introduction du film se révèle plutôt lente.


Si on fait abstraction de ces évidentes maladresses, on peut, en revanche, se consoler avec une course-poursuite à distance entre le délicieusement pervers Donald Pleasence (toujours aussi charismatique) et notre duo de choc et de charme. En s’écartant du ton espionnage du début, le film bascule dans un plaisant film d’action qui atteint plutôt bien sa cible. Les explosions font dans le sensationnel et l’enquête qui est menée (même s’il paraît un peu trop facile) se suit avec un véritable intérêt. Maladroit mais divertissant, voilà un film décevant au regard de son potentiel mais tout à fait sympathique.

6,5

Play-It-Again-Seb
6

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le 14 août 2024

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