Un été à Boujad, de Omar Bouldouira, est une sorte de film d'immigration, mais à l'envers, puisque son personnage principal, Karim, âgé de 13 ans, a quitté la France pour le Maroc, avec son père, à l'été 86. Pas simple, ce retour, pour celui qui est vite surnommé "le Français" par les gamins de son âge et qui retrouve une nouvelle famille avec sa belle-mère et son demi-frère. Un été à Boujad fonctionne parfaitement comme un récit d'apprentissage, marqué par le rejet, la violence mais aussi le goût des interdits à expérimenter. Le film réussit parfaitement à montrer l’incommunicabilité entre un père, garagiste de profession, et son fils, le premier se sentant coupable et honteux de ses échecs passés, tandis que le second fait les 400 coups, faute de trouver de l'affection dans sa nouvelle maison. Pour montrer ces identités blessées et cette absence de compréhension entre les êtres d'une même famille, le cinéaste utilise plusieurs registres, sans perdre la cohérence de son film : la malice, le drame, la rage et la tendresse. Tourné sans énormément de moyens, le premier long-métrage de Omar Bouldouira ne cherche jamais à impressionner la galerie par sa mise en scène mais s'apprécie comme une chronique de pré-adolescence humble et touchante.

Cinephile-doux
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Festival du film francophone d'Angoulême 2023

Créée

le 26 août 2023

Critique lue 53 fois

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 53 fois

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

76 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13