"I hope you and them chickens have a goddamn heatstroke."

Avec son écriture parfois un peu grossière, on n'a pas envie de placer des espoirs démesurés dans One False Move sur la base des premières minutes. Mais s'il ne s'agit résolument pas du chef-d'œuvre incontestable du néo-noir, il faut tout de même avouer qu'il y a quelque chose de surprenant dans la tambouille qui s'opère entre tous ces ingrédients disparates pour aboutir à ce thriller constamment plongé dans des faux rythmes qui empêchent quelque situation confortable et passive (de visionnage) de s'installer. C'est un très bon point à mettre au crédit de ce film qui, en son temps, n'était à l'origine pas programmé pour une diffusion au cinéma — ce qui est très étonnant au vu du résultat.


L'introduction est sans appel : on y voit un trio de malfrats (deux gros maffieux, Billy Bob Thornton et Michael Beach, accompagnés par Cynda Williams qui ne semble pas tout à fait sûre de ce qu'elle fait ici) commettre différentes horreurs pour mettre la main sur un petit pactole de cash et de drogue. Cinq premières minutes particulièrement violentes, et marquantes. Puis c'est la fuite : un autre registre se met en place, celui de la progression presque en montage alterné, avec d'un côté les trois qui essaient de partir aussi loin que possible, et de l'autre une force policière hétérogène qui se met en place à leur trousse. Et un gros argument du film consiste précisément à mêler dans ce camp des flics des villes tout droit venus de Los Angeles et des flics des champs, représentés par Bill Paxton, aka shérif Dale 'Ouragan' Dixon, assez éloigné du monde des gros truands et davantage occupé à gérer les mauvaises histoires de ce petit coin rural de l'Arkansas.


Il y a dans cette association entre meurtres odieux et chamailleries policières un petit peu de ce qui constitue la singularité d'un film qui ne manque pas de points saillants. Paxton qui se sent progressivement dévalorisé par ses collègues de la LAPD, cette femme embarquée dans la fuite dotée d'un arrière-plan familial particulièrement fourni, ou encore quelques passages d'une violence aussi soudaine que stupéfiante (une des dernières scènes, particulièrement, ferme la boucle initiée par l'introduction sanglante). En toile de fond, on aborde la question du racisme avec précision et parcimonie, histoire de compléter cette toile décidément agréablement hétérogène faite de road movie, de chronique familiale, de thriller et de différends dans les rangs des flics.


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Morrinson
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le 20 déc. 2024

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