Une oeuvre profondément hermétique, souvent incompréhensible ou du moins difficilement audible dans son incessante logorrhée. Godard poursuit sa démarche d'un cinéma-militant entamée avec le chef d'oeuvre La Chinoise un an auparavant, se rangeant clairement du côté des partisans situationnistes de Mai 68... Il donne ainsi la parole à un groupe de révolutionnaires composé d'étudiants et d'ouvriers en limitant sa mise en scène à de longues captations d'un discours en marche, le tout filmé aux abords des banlieues de Nanterre.
Un film comme les autres, s'il témoigne néanmoins d'une authenticité indiscutable quant à son identité politique est un essai théorique d'une aridité déconcertante : visuellement rébarbatif, en permanence parasité dans ce qu'il cherche à dire ou à évoquer ce film rejette délibérément toute forme d'attraction cinématographique, s'inscrivant dans la lignée des oeuvres soustractives de Guy Debord. La tonalité fortement intégriste du discours, la pauvreté visuelle des images et le bavardage constant en font un film assez antipathique à suivre, qui se lit davantage par bribes que d'un seul bloc. Réduite a minima la réalisation de Jean-Luc Godard ne permet absolument pas de mettre en valeur cette interminable conversation. Même en resituant ce film comme le autres dans son contexte historique il est bel et bien difficile de lui trouver un réel intérêt artistique, d'autant plus que de tels évènements auraient mérité un traitement lisible et passionnant, sans doutes plus didactique et moins impénétrable. Décevant.