Je sors de l'avant-première, à l'Eden-Théâtre de la Ciotat.
Une séance avec, notamment, la présence d'Alban Lenoir et Diastème.
Le matin, Alban Lenoir me tweet qu'il reste encore des places pour voir Un Français et qu'il était déjà à La Ciotat et même carrément sur la terrasse de l'Eden. Je rentre dans le cinéma, je prends une place et, la peur au ventre, je m'approche d'Alban Lenoir qui tout de suite me tape dans le dos, me fait des gros sourires et pose avec moi pour quelques photos. Ensuite, l'acteur me propose, vu qu'il reste 1h30 avant le film, de m'asseoir avec lui et ses amis histoire de discuter en graillant deux-trois clopes. J'ai un peu de mal à croire à ce qu'il m'arrive mais je me pose avec Alban et sa bande et je cause avec tout le monde. C'est l'occasion d'en savoir un peu plus sur Un Français au niveau de sa production, de son tournage, des quelques soucis rencontrés par rapport à certaines scènes et surtout, de passer du temps avec Alban Lenoir qui est d'une sympathie remarquable. Notez que je ne parviens toujours pas à réaliser que j'ai discuté pendant 1h30 avec Alban Lenoir, le réalisateur et leurs potes en partageant soda et clopes.
Ensuite, la séance commence. Une petite introduction pour présenter le film devant toute la salle, notamment une prévention sur les vingt premières minutes qui sont assez trash et le spectacle démarre enfin. Alors, c'est France Histoire X ou pas ?
Pas du tout. Aucun lien à faire avec le film de Tony Kaye si ce n'est le pitch de base et encore.
On commence donc avec un Alban Lenoir, rasé de tous les côtés, qui court dans une ruelle avec ses amis pour frapper des arabes. Suite à cette entrée, assez bien filmée, on fait un tour vers les parents du héros, Marc joué par Alban, vers ses fréquentations douteuses dont les adhérents du Front National. Mais Marc va vivre une série de plusieurs événements qui vont le conduire à réviser petit à petit son jugement sur ses idéologies politiques en constatant que ce n'était finalement qu'un prétexte pour avancer chaque jour et se défouler.
Le film ne montre pas un héros qui change d'une seconde à l'autre en voyant une apparition de la Vierge Marie et propose plutôt une basculement, une pente, très subtil parce que Marc n'est jamais dans tel ou tel camp. Même s'il se dit skinhead néonazi (amalgame très courant que le réalisateur pointe du doigt, enfin), on se rend très vite compte qu'il est tombé dedans par rapport aux autres gamins du quartier et non par pure volonté idéologique. L'amour de ses parents et de quelques arabes/noirs etc qui vont l'aider tout au fil du film vont peu à peu changer Marc qui ne souhaite pas forcément trouver la rédemption mais plutôt essayer de trouver un juste milieu et se rendre compte de ses erreurs. En plus de cela, sa fille qu'il a avec une ancienne militante du FN, ne désire plus le voir et ses anciens amis skinhead finissent soit en prison soit à l'hôpital.
Le film est beaucoup plus subtil et maîtrisé que l'on pourrait le penser surtout venant d'un pays où le cinéma a déjà énormément perdu de son art depuis quelques années. Diastème, caméra à l'épaule et plan-séquence parfois très violent parfois très calme, propose un réel changement langoureux et réfléchi dans le crâne d'un pauvre gars qui doit presque claquer pour s'en rendre compte. Le jeu d'acteur est très bon, en particulier Alban Lenoir, la narration se laisse porter par l'histoire sans aller ni trop vite ni trop lentement. Finalement, le film passe très vite et termine sur une note turbide. Ce n'est pas juste :
- Dis donc, t'es un peu méchant quand même avec les arabes, sois plus gentil.
- Ah bah oui, maintenant que tu le dis.
La fin laisse une atroce douleur sur la peau du héros mais peut-être aussi une mélodie d'espoir pour son futur qui s'annonce, à coup sûr, plus prometteur qu'avant.
Une belle réussite. Alors certes, Diastème n'est pas Amalric, Clouzot, Corneau etc et Lenoir n'est pas Dewaere, Fresnay et j'en passe (histoire de citer des noms de plein de générations) mais il réussi tout de même à monter un film propre, plein de bonnes volontés et fait autant avec le coeur qu'avec la maîtrise.
Séance terminée. Je vais voir Alban Lenoir et le félicite pour sa performance qui me remercie et me demande, en plus, que je lui dédicace mon dernier bouquin. Un peu tremblotant, je le sors de ma sacoche, signe sur la première page, lui tend et il me promet qu'il le lira et qu'il me tiendra au courant. On se serre la main une dernière fois et je rentre chez moi.
Ah non, c'est sûr, c'était une putain de bonne journée.