C'est avec ce film que Clint Eastwood débutait dans la mise en scène, tout en s'octroyant le rôle principal. C'est un psychodrame à suspense assez primaire et bien émotionnel, un peu dans la tradition des thrillers hitchcockiens, déjà parfaitement maîtrisé, qui rend une sorte d'hommage au film de terreur, on y retrouve donc plusieurs éléments : un thème musical obsédant (le célèbre morceau "Misty" d'Errol Gardner), une femme inquiétante, des dommages collatéraux, et un héros plongé dans un univers cauchemardesque. J'ai l'impression qu'Adrian Lyne s'en inspirera en 1987 pour Liaison fatale. Clint aidé et conseillé techniquement par son mentor Don Siegel avec qui il venait de faire les Proies, et peu de temps avant d'incarner Harry Callahan dans L'Inspecteur Harry, se révèle un réalisateur particulièrement doué, même si on sent un peu la patte de Siegel, à qui il confie un petit rôle de barman, il affirme un style qu'il poussera pour ses futures réalisations, et jette le spectateur dans un univers de folie criminelle ; sa composition d'acteur, volontairement retenue, s'oppose au personnage de tueuse nymphomane et psychopathe incarné par Jessica Walter. Elle aussi faisait ses débuts dans le métier d'actrice, mais ce rôle très lourd à porter l'a finalement desservie et on ne la reverra hélas que très peu par la suite. En tout cas ici, elle donne le frisson.
Voici donc un thriller assez terrifiant, un jeu de la peur qui même s'il n'est pas transcendant, peut se goûter pour sa simple efficacité.