Mytho man.

Frustré d'être passé à côté de la guerre, un jeune homme s'invente un passé de résistant, poussant très loin la supercherie...

C'est par ce procédé improbable que se déroule le deuxième film de Jacques Audiard, entièrement consacré à cet homme (fictif) qui s'est inventé une deuxième vie durant la Seconde Guerre pour montrer qu'il n'était pas un lâche ou un simple d'esprit, et il faut dire que Kassovitz joue très bien l'ambiguïté de ce personnage, sans qu'on sache vraiment si il profite de la situation ou ne veut pas faire de vagues.

Le film est construit comme un flash-back, avec les passages dans le présent où le héros, devenu âgé, est incarné par Jean-Louis Trintignant, et des témoignages de gens l'ayant connu durant la guerre et reconnaissant tous s'être fait berner.
Ces témoignages sont accompagnés de flash-forwards, à savoir des paroles de soldats interrogés peu après la guerre, mais dont ils savent ce qu'ils vont devenir (comme un soldat qui sait qu'il mourra au Vietnam).

Outre Kassovitz, on a un casting de choix, mais souvent bref, comme Albert Dupontel (dont ses cheveux longs ne sont guère crédibles pour un soldat), François Berléand, Philippe Nahon, et deux très beaux rôles féminins : Sandrine Kiberlain (qui joue sa première épouse) et Anouk Grinberg).

Le but de ce genre de films, sur les personnages mythomanes, est de savoir jusqu'où peut aller le mensonge, et le film est prenant sur ce point, car on sent une sincérité sur cet homme qui est presque accusé malgré lui d'avoir vécu en zone libre, loin de la guerre.
Cet homme qui parait au départ étrange, à la limite de l'hyperactif (comme le montrent des plans de lui, ado, en train de gigoter à très grande vitesse), va se révéler malgré lui, et asséner la morale de cette histoire en semblant ne rien regretter de son passé de menteur.

Décidément, au fur et à mesure de la découverte de la filmographie de Jacques Audiard, c'est un véritable sans-faute !