Pink baby blues!
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le 2 oct. 2011
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Nous le savons tous, être papa et maman ce n'est pas toujours facile. Déjà les 9 mois d'attente peuvent s'avérer être un enfer, mais ensuite il y a tout ce qui suit. Le sujet peut donc se révéler très intéressant, tant il y a de choses à dire. 9 mois, un film de Patrick Bradoué, parle de ces 9 mois d'attente et des incertitudes que traverse un couple, plus particulièrement le père. J'aime bien. Quand on vous vend un film sur les hauts et bas d'un couple qui ont un enfant, on est en droit d'attendre quelque chose de similaire.
Il en est tout autrement. Un heureux événement est un film tout gentil où tout s'arrange toujours pour le meilleur des mondes, et où, finalement, les mauvais côtés sont 'mignons'. Le meilleur exemple sont ces scènes de neige dignes d'un conte de fée, pendant qu'un couple est censé souffrir. Rien n'est réaliste. Bon disons que les producteurs n'ont pas su vendre le film tel qu'il est, un film sans couilles, romantique, avec happy ending etc, un peu comme les films de Julia Roberts (sauf que les producteurs américains assument mieux et ne mentent pas sur la marchandise), cela n'en fait pas pour autant un mauvais film il me semble. Il faut savoir prendre du recul et se demander si, une fois qu'on sait qu'on nous a menti, est ce que le film est bien malgré tout?
Non. Le film comporte trop de problèmes. Le principale, il est anecdotique. Pourquoi? parce qu'il n'y a pas d'histoire. On ne sait pas où on va. Je pensais par exemple que le film s'arrêterait à la naissance. En fait, le bébé naît à la 35ème minute, et après on a droit à un peu de vie commune, des disputes... sans jamais vraiment donner de fil conducteur. Le film aurait pu s'arrêter plus tôt ou plus tard que ça n'aurait pas vraiment changé grand chose. Des conflits il n'y en a pas vraiment, encore que les disputes du couple forment un semblant de leitmotiv sur la fin. Mais difficile de s'y prendre car entre deux scènes de malheur le réalisateur place toujours une scène de bonheur. Du coup, comment s'identifier aux personnages lors de la crise ultime, comment les comprendre? Car au final, on a juste l'impression qu'ils passent par des phases comme tous les couples. Pourtant il y a plein de choses intéressantes qui sont abordées. Par exemple la mère qui ne peut se détacher de son enfant. Ça aurait pu faire l'objet d'un film en soi. Mais cette piste disparaît sans laisser de trace, on ne sait trop pourquoi.
Les personnages ne sont pas très creusés. Que le film se base sur le point de vue de la femme, c'est bien, mais que le mec ne soit qu'une coquille vide ça fait bizarre. Même les blondasses dans les films d'action testostéronés ont un caractère plus défini. Ici il se contente d'être là et de dire oui à tout, sauf à la fin où son personnage prend un peu d'ampleur. Mais là aussi les problèmes de narration s'accumulent dans cette dernière partie. Par exemple, toutes les difficultés rencontrées par le personnage féminin et qui ont mené à la crise finale du couple semblent évitées par le mec, on ne sait pas trop comment ni pourquoi. Il est juste béni? ou bien l'auteure était elle trop occupée à contempler son propre nombril?
La gonzesse en soi, on sent trop le personnage autobiographique. Je n'ai pas lu le livre, et peut être que ça marche mieux, mais dans un film on ne peut pas laisser un personnage aussi 'réaliste' qu'un être humain réel. Un personnage de film (et je pense même un personnage de fiction tout court, tous médiums confondus) se doit d'être construit de façon plus archétypale. Les personnages complexes ont rarement plus de 2 traits de caractères (ex : avare et vaniteux). Et la majorité des personnages secondaires ont une personnalité simple, c'est-à-dire un seul trait de caractère (la colère, la maladresse, etc.). Ici, le personnage féminin principal n'a rien pour la distinguer. Elle passe par tous les traits de caractère possibles et en même temps par aucun tant tout reste superficiel. Le personnage se révèle vide, voire inaccessible (les traits de personnalité permettent de mieux comprendre certains conflits).
La mise en scène est assez ennuyeuse et maladroite par moment. Autant j'avais pu apprécier le premier jour du reste de ta vie où la forme très édulcorée fonctionne avec cette fable qui nous est racontée, autant ici, il y a un décalage, et ça ne prend pas. On ressent la volonté de faire vrai par toutes ces anecdotes véridiques, mais la caméra empêche d'y croire, on a plutôt l'impression que c'est une vie fantasmée. D'ailleurs cette forme fait oublier en grande partie la détresse des personnages. Car que voyons nous? Deux être qui doivent abandonner leurs rêves initiaux pour élever un enfant. La gonzesse s'en tire pas trop mal puisqu'elle écrit le livre qui est adapté sous vos yeux. Pour le mec c'est différent. Il se trouve un job costume cravate (en un claquement de doigt, d'ailleurs, y a pas de chômage dans cet univers on dirait) ce qui est contraire à tout ce qu'il aurait souhaité à la base. Et jamais on ne le voit pris de remord, comme si c'était un choix normal à faire pour grandir, pour vivre. Il n'y a vraiment que sur 30 dernières minutes, où une fois de plus les personnages semblent vraiment prendre vie grâce à un vrai conflit. Mais la fin en soi, avec ses résolutions, annihile cette démarcation et nous offre un bonheur hypocritement montré.
Outre ces problèmes techniques desservant les thèmes de l'histoire, j'ai trouvé le film globalement mou, bourré d'effets rarement réussis et trop à la mode. J'aurais préféré une mise en scène plus couillue, plus virale, plus naturaliste. Les acteurs sont bons et font leur boulot comme il faut. C'est vraiment juste regrettable que leurs personnages aient si peu d'intérêt.
Bref, un heureux événement est un film qui sonne faux et surtout qui est anecdotique et nombriliste, juste parce qu'aucune véritable prise de position n'est amenée, la scénariste s'est contentée de raconter sa vie comme si c'était super intéressant en soi. Moi ça m'a juste emmerdé.
Créée
le 30 sept. 2012
Modifiée
le 1 oct. 2012
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