L'apparence

Ce film mis en scène par Laurent Tirard en 2016 est, d'après ce que j'ai lu, un remake d'un film argentin. De Tirard, je n'aivais vu que "le petit Nicolas" sorti quelques années plus tôt et que j'avais bien apprécié.

Là, j'avais trouvé par hasard ce film en DVD il y a quelques années et j'appréhendais un peu le sujet que je trouvais à la fois casse-gueule et intéressant. Ce qui m'avait décidé, c'était la présence de Dujardin que j'aime bien et aussi du réalisateur Laurent Tirard dont je voulais bien voir un deuxième film. Je ne connaissais pas alors Virginie Efira. Ce qui est marrant c'est que c'est dans "Adieu les cons", que j'ai vu récemment (et que je n'ai pas aimé !), que j'ai enfin "découvert" cette actrice talentueuse (aidé, il est vrai, par un éclaireur, Pat)…

Mais revenons à "Un homme à la hauteur" que je viens de revoir une deuxième fois.

La base du scénario est simple :

Diane est une séduisante avocate de renom dont la vie sentimentale est en morceaux. Au cours d'une conversation téléphonique impromptue, elle tombe sous le charme d'un homme, architecte talentueux mais aussi courtois et drôle. Lors de leur première rencontre, elle s'aperçoit qu'il mesure 40 cm de moins qu'elle…

Dans cette comédie, il y a de l'humour, de l'émotion et surtout une réflexion sur ce qu'on peut appeler un handicap dans notre société formatée par des années de pubs et de stéréotypes. Et peut-être de cinéma. On sait bien qu'il n'est pas bon d'être gros ou bossu ou bigleux ou sourd ou tout simplement pas beau au regard des mannequins auxquels on nous invite à tendre. On sait bien que "ces gens-là" doivent produire des efforts bien plus considérables que les autres pour réussir à se faire embaucher dans un poste correspondant à leur (vraie) valeur intrinsèque ou à leur goût puis faire carrière.

Dans ce film, Tirard a placé l'intrigue dans ce que je pourrais appeler la haute société ou la haute bourgeoisie où l'argent n'est pas vraiment un problème. Sauf que, justement, dans ces milieux -là, c'est encore pire que dans le reste de la société car l'apparence est essentielle pour se maintenir au niveau ou tout simplement pour être reconnu. Un beau mec se doit d'être avec une super nana. Et l'inverse est pareil, une belle femme, pour continuer à être considérée et prise au sérieux, ne peut que suivre un beau play-boy même si c'est le dernier des crétins.

J'avais peur que le sujet soit traité avec pathos ou au contraire avec trop de légèreté. Eh bien pas du tout, Laurent Tirard a su éviter les pièges et met en scène la confrontation des deux acteurs, Dujardin et Efira avec beaucoup de simplicité, beaucoup d'empathie.

Bien sûr, sortons des apparences (encore !) correspondant aux efforts déployés par Dujardin (sauts en parachute, etc ) pour séduire Virginie Efira. Là, ce n'est pas le souci. Ce ne sont que des intermèdes amusants. On est entre gens qui ont du fric et dont ce n'est plus un objectif en soi. Le seul souci n'est que dans la question que Jean Dujardin pose régulièrement à Virginie Efira : "Je continue ou pas (à croire à notre histoire)". Et l'intéressant, c'est le positionnement difficile de Virginie Efira qui doit lutter contre les préjugés, l'ironie mordante de son ex (Blanche-Neige) resté associé, l'histoire du pull qui taille 10 ans, les sourires entendus de ses relations, de sa mère, etc … Elle doit même lutter contre elle-même, contre ses propres clichés.

Que ce soit les jeux de Jean Dujardin ou de Virginie Efira, j'ai trouvé qu'ils étaient dans une tonalité très juste. Allant à l'essentiel. Adultes.

Parmi les seconds rôles, j'ai bien aimé César Domboy (je ne connais pas) qui joue le rôle du fils de Jean Dujardin mais surtout Jean-Michel Lahmi qui fait partie de ces seconds rôles qu'on aime bien croiser dans un film.

Au final, j'ai trouvé ce film pertinent sur l'épineuse question sociétale de la différence quand elle s'exerce sur l'aspect physique, sur l'apparence qu'on ne peut assurer aux yeux des autres. Belle comédie romantique.