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Fort du succès de Compartiments Tueurs, déjà étoffé d’une belle galerie d’acteurs, Costa-Gavras rempile un casting cinq étoiles dans une histoire plus ambitieuse. 1943, France vichyste, un groupe de maquisards mené par Bruno Cremer fait évader les détenus militaires d’une prison allemande. Souci, ils étaient censés être douze, ils sont treize. Diable…


Le cinéaste évacue assez rapidement l’identité de cette intrus (Michel Piccoli), préférant se concentrer sur sa nature même. Car s’il avait été un simple espion à la solde des nazis, les interrogations suscitées par le film n’auraient pas eu la même saveur. Non, cet homme n’est pas un traître, mais il n’est pas un combattant non plus. Un prisonnier de droit commun qui se targue d’être un pacifiste, et qui refuse de prendre les armes. La folie de la guerre n’aura pas d’emprise sur lui, elle ne le fera pas meurtrier d’hommes dont il ne sait rien. Un tel individu est gênant pour les héros de la Résistance. Il remet en question la légitimité morale de leur lutte, quand bien même celle-ci semble nécessaire pour que la France ne soit pas définitivement défaite. Est-il un lâche, ou un héros? Sont-ce eux les lâches? Car quelle bravoure y-a-t-il à exécuter un adolescent aliéné par la propagande? A vouloir abattre un homme désarmé par simple précaution?


Le chaos d’un pays fractionné revêt les mêmes doutes que celui décrit dans L’Armée des Ombres. Et comme dans La Grande Evasion, les maquisards sont lucides quant à l’utilité de leur combat : divertir des troupes du front, et mourir en le faisant. A ce titre, il leur paraît nécessaire que chacun apporte sa pierre, et tout manquement relève du caillou dans la botte dont il faudra se délester. Un tel fatalisme force la légèreté dans les échanges, seul palliatif à la noirceur de l’âme. Et si l’on distrait l’ennemi des champs de bataille, on se distrait soit même l’esprit pour rester vaillant. “Si la guerre dégoûtait de ça [les femmes], y’aurait plus de guerre!” sonne alors tant comme une blague potache que comme un témoignage de ce besoin de lumière.


Dans le brouhaha, l’individu n’est plus qu’un nom, interchangeable. Un homme de trop se pose ainsi comme un film choral qui accorde le même manque d’importance à chacun. Un propos appuyé par les prouesses de la caméra de Gavras. Les scènes d’action sont impressionnantes, aériennes et tournoyantes. Mais dès lors qu’il y a accalmie, le réalisateur ponctue son image saisissante de dézooms qui viennent fondre l’individu dans le décors, le rendant minuscule au milieu du théâtre de cette guerre, et de cette nature méridionale qui observe, impassible aux errements humains.


L’Homme n’a pas attendu 1939 pour statuer sur sa folie. Et Charles Vanel de retoquer le blanc bec qui l’éperonne, conscient de cette nature :

"Alors papy, on vieillit?"

"Ben toi aussi petit, tu vieillis, mais tu ne le sais pas encore"

Créée

le 9 déc. 2024

Critique lue 4 fois

Frakkazak

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