Lucien Bellon (Jean-Louis Trintignant), un tueur professionnel français se rend à Los Angeles pour tuer Victor Kovacks. Le fait accompli, il ne peut pas quitter la ville parce qu'on lui a volé son passeport. Pour couronner le tout, Lenny (Roy Scheider), un tueur américain, est chargé de le tuer puisqu'il est devenu un témoin génant. De traqueur, Lucien Bellon devient traqué...
"Un homme est mort" marque la première rencontre entre Jacques Deray et Jean-Louis Trintignant qui se retrouveront 3 ans plus tard pour l'excellent "Flic Story" .
Avec le recul il est étonnant que Deray n'ait pas proposé ce rôle à Alain Delon qui était son ami et acteur fétiche. En effet Lucien Bellon est un tueur assez solitaire qui parle très peu comme le fameux "Samouraï" de Melville qui est sans doute une des influences du cinéaste.
Mais on sent surtout son amour pour le polar américain. La présence d'Angie Dickinson me fait dire, peut être à tort, que des films comme "A bout portant" de Don Siegel et "Le point de non-retour" de John Boorman l'ont fortement marqué. D'ailleurs la mise en scène de Jacques Deray est aussi sèche et rapide que celle de Siegel et la violence y est stylisée. Le cinéaste prouve que les français peuvent se mettre à la hauteur des américains... Et il filme Los Angeles comme un personnage que Lucien ne connait pas...
Le scénario a été écrit en grande partie par le grand Jean-Claude Carrière.
Quant à la musique elle est composée par l'immense Michel Legrand. Une musique étonnante, très loin de celle qu'il fait habituellement et qui colle parfaitement à l'ambiance du film.
"Un homme est mort" bénéficie d'un excellent casting : Ann-Margret est excellente en "alliée" de Lucien, Roy Scheider en impose en tueur glacial et taiseux ( juste 1 an après avoir été flic dans "French Connection" !), Angie Dickinson est parfaite en femme fatale, Michel Constantin fait une apparition courte mais remarquée. Et puis bien sur Jean-Louis Trintignant remarquable dans un rôle où il parle assez peu mais qui s'exprime rien qu'avec un simple regard, haussement de sourcil etc... Il n'a pas besoin de crier pour être menaçant. Sans compter qu'il donne de sa personne parce que son personnage court pas mal... Vraiment, c'est le grand rôle méconnu de Jean-Louis Trintignant.
Malgré toutes ses qualités, le film n'eut pas le succès escompté et reste encore aujourd'hui inconnu. Pourtant, objectivement, on trouve du beau monde autour d' "Un homme est mort". Je le conseille aux amoureux de films noirs parce qu'on y trouve tous les ingrédients rehaussés par la réalisation de Jacques Deray, réalisateur quelque peu mésestimé. Et puis pour Mr Trintignant qui vient de nous quitter en nous laissant une filmographie impressionnante et variée.