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Je me souviens de la reconnaissance qui fut la mienne envers Francis Huster quand, grâce à lui, j'ai pu revoir sur grand écran Jean-Paul Belmondo (seul héros de mon enfance à ne pas être fictif puisque les autres s'appelaient Tintin, Starsky et Hutch ou Fandor).


C'était quasiment un événement après ce qui lui était arrivé (un AVC qui le laissa paralysé du côté droit).

Un jour de janvier 2009 (peut-être même le jour de la sortie du film) je m'en fus donc gagner le cinéma le plus proche de chez moi afin de retrouver Bébel dans une salle obscure.

Très franchement, je n'avais pas passé un mauvais moment. Il était là devant moi, vieilli, usé, malade, mais sa présence m'avait suffit.

Et puis je m'étais dit que vu son âge et l'expérience qu'il avait vécu, il pouvait très bien jouer un vieux monsieur diminué.

L'histoire ne m'avait pas emballé plus que ça mais vous l'aurez compris je n'étais pas là pour elle.


Bref !


Les années ont passé, Belmondo n'est plus, je n'éprouve plus pour mes héros que la tendre nostalgie de mon enfance, et j'ai eu l'occasion de revoir "Un homme et son chien".

J'ai saisi l'occasion.

Bien mal m'en a pris.

A force de fréquenter régulièrement le soldat Dufourquet ("L'homme de Rio"), le manager de boxe Jo Cavalier ("L'as des as") ou l'enfant gâté Sam Lion ("Itinéraire d'un enfant gâté"), j'ai eu beaucoup de peine à passer une heure et demie en compagnie de monsieur Charles ("Un homme et son chien" donc).

"Peine" n'est pas un terme usurpé. Quelle tristesse de voir Belmondo ainsi. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser : "dire que j'ai vu cet homme rebondir comme une balle de Jokari !".

C'est vrai, moi qui vous parle, je l'ai vu se claquer par terre et se redresser comme un diable sort de sa boîte. Sans parler de ses autres exploits divers et variés comme courir sur une rame de métro, se suspendre à des rebords de fenêtre, monter dans un hélico en vol.

Je l'ai entendu aussi. Il balançait des punchlines redoutables du style "t'es même pas conne, t'es bête" ou "Monsieur Hénault ! Si la connerie n'est pas remboursée par les assurances sociales, vous finirez sur la paille", la gouaille au coin du sourire.

C'est qu'il était séduisant Belmondo. Pas beau, beau, mais pas mal, quoi ! (dixit Anna Karina). Et il les séduisait toutes : Seberg, Cardinale, Dorléac, Moreau, Bisset, Antonelli, Andress. Certaines refusant même de le quitter une fois le tournage terminé !

Mais là… Comme il est loin de la rue Campagne-Première au moment de tomber pour de vrai, ce bon vieux Michel Poicard !


Dès le début j'ai su que ça serait difficile. Mais j'ai tout de même voulu me l'enfiler jusqu'au bout ce putain de film ! (lâcher un film en cours de visionnage, c'est pas le genre de la maison. Si je me suis gouré, tant pis, j'assume. Et puis j'ai la chance d'être d'une nature optimiste. Je crois au crocodile pacifiste au milieu du marécage).

Je me suis rappelé ce que je m'étais dit à l'époque où j'avais les yeux bleus : avec son âge et son accident, il peut très bien jouer un vieux monsieur diminué.

Je me suis accroché à ça comme un œuf au cul d'une poule constipée en me disant que j'allais m'habituer à voir JP en papy et que l'histoire finirait de me faire oublier qu'on ne peut pas faire "toctoc badaboum" indéfiniment car le "badaboum", à la longue, peut s'avérer définitif.


Manque de pot, l'histoire n'est pas des plus affriolantes non plus !

Enfin, c'est pas tant l'histoire. Car, après tout, un vieux monsieur expulsé de son domicile par une ancienne maîtresse plus jeune qui va refaire sa vie, qui découvre ce que c'est que de se retrouver à la rue, n'ayant plus pour seul compagnon qu'un chien mignon tout plein avec tout l'amour du monde dans les yeux, c'est pas une plus mauvaise histoire qu'une autre.

Sauf qu'il y a des petits détails (bonjour Lieutenant Columbo) qui s'accumulent, s'accumulent, s'accumulent et font que ça déborde tant que j'en ai fini par me demander si Francis Huster avait conscience qu'il était censé nous en raconter une, d'histoire. Enfin, je veux dire une qui tienne la route !

On dirait qu'il a filmé des scènes sans bien savoir ce qu'il en ferait, et qu'au montage il en a choisies quelques unes comme ça, parce qu'elles lui paraissaient bien ou parce que c'était sympa de voir Belmondo en compagnie de untel (oui, il y a moulte acteurs et actrices venus rendre hommage au grand Jean-Paul en lui donnant la réplique le temps d'une séquence ou deux, à tel point qu'on ne peut s'empêcher au bout d'un moment de compter les absents… Rochefort, Bedos, Brasseur, Marielle, Vernier, où étiez vous ?).

Mais surtout, on a l'impression que le film a été tourné à l'arrache, au jour le jour, et qu'à force de ne pas avoir noté tout ce qui a été tourné, eh bien, des petites choses ont été oubliées par-ci par-là.

Je vous donne trois exemples :

Belmondo devenu clodo mange dans une sorte de soupe populaire. Il fait la connaissance d'un autre clochard (incarné par le fidèle Charles Gérard) qui lui pique son portefeuille dans lequel reste les dernier billets. Scène suivante, Belmondo et Gérard dînent ensemble, copains comme dans la vraie vie. Naturellement, on se dit que Gérard a rendu le portefeuille ? Non, car c'est Leïla qui le lui rendra au cours de leur dernier rendez-vous (la patronne de la soupe populaire ayant envoyé le portefeuille à l'adresse qu'elle a trouvé dedans). Faut-il alors en conclure que Gérard a piqué le portefeuille de Belmondo et qu'il est revenu tranquillement manger avec lui ? Apparemment.

Belmondo est donc à la rue et Charles Gérard lui a volé son portefeuille. On peut légitimement penser que Belmondo n'a plus d'argent. Sauf qu'il donne des billets - sortis dont on ne sait où - à une autre clocharde jouée par Micheline Presle !!!

Au début du film, Belmondo/Charles est hospitalisé. Il demande très vite des nouvelles de son chien et Leïla lui amène en visite. Quand il sort de l'hôpital plusieurs jours plus tard (pour un simple malaise on dirait qu'il y est resté six mois) il apprend que son chien s'est sauvé depuis une semaine ! Son chien est le seul intérêt de son existence et pendant une semaine il n'a pas demandé comment il allait ? Ou alors on lui a menti mais, dans ce cas, où est la scène où on lui ment ? Pas tournée ? Pas montée ? Quand Charles apprend que son chien s'est sauvé, il va direct au chenil de Gennevilliers et le retrouve tout de suite. Aucune personne de son entourage ne pouvait faire ça pendant qu'il était à l'hôpital pour que son chien soit là à sa sortie de l'hôpital ?


Quand j'ai fini ce film, je n'étais même pas en colère. Juste déçu. Déçu qu'on ait laissé faire ça. Déçu d'avoir été heureux à l'époque. Déçu qu'on n'est pas offert au grand Belmondo un clap de fin digne de sa légende.

Il avait été question d'un film avec Lelouch. Peut-être que lui aurait su exploiter l'état de Belmondo pour construire une histoire plus correcte ?

Plus correcte ! Je me relis et je réalise que moi non plus je ne suis pas à la hauteur.

Correct quand il aurait fallu du magnifique, du sublime, du romanesque et sûrement de la jeunesse !

C'est vrai qu'il y a des gens qui ne devraient pas vieillir.

Les héros de mon enfance, par exemple.

Moi, en revoyant ce film, j'ai pris un sacré coup de vieux !

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le 15 janv. 2025

Modifiée

le 15 janv. 2025

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