Ah ça avec Claude Lelouch, même après la sortie du film le scenar est secret.

Oui, il me semble opportun de reprendre cette citation humoristique prononcée un jour par le Bernard Tapie des Guignols de l'info. Car c'est un peu ça, ce film... J'aurais voulu l'aimer. Pour les comédiens, parce que, plaisanterie mise à part, ayant vu plus de la moitié de sa filmo, j'aime pas mal de films de Lelouch, (mon top 10 Lelouch).


Donc Anne Gauthier élève seule sa fille après la décès accidentel de son mari qui était cascadeur pour le cinéma. Elle rencontre Jean-Louis Duroc, un pilote de course qui élève seul son petit garçon après le suicide de sa femme. Les deux voyagent régulièrement : Elle pour voir sa fille en pension, lui pour ses courses. Malgré tout ils tombent amoureux et finissent par tomber dans les bras l'un de l'autre. Et... en fait... c'est à peu près tout.


Oui, pas grand chose à dire au niveau intrigue car il a ce syndrome “Tranches de vie longuettes sans but apparent” très répandu dans le cinéma français depuis si longtemps. Ils discutent beaucoup, leur gestes du quotidien sont bien mis en avant, c'est lent, c'est lassant... oui, en un mot comme en cent : C'est chiant. Un quelconque message ? Non, ils repoussent le moment inévitable où ils se déclareront leur amour pour de bon pendant plus d'une heure, et en attendant on blablate. Et ne vous attendez pas à du miracle du côté des dialogues.


Alors histoire de masquer un peu cette mollesse, le film ne va pas d'un point A à un point B mais nous explique à retardement comment Anne et Jean-Louis en sont arrivés là. Cette construction narrative m’apparaissant parfaitement superflue. Plus superflu encore : Le passage du noir et blanc à la couleur sans raison apparente. Si c'est une question de budget qui empêchait le fait de tout tourner en couleur, dans ce cas, tournez tout en noir et blanc. Si vous tenez tant que ça à mettre de la couleur, il faut que ça ait un sens. Exemple : Un drôle de paroissien de Jean-Pierre Mocky. Seule la séquence de rêve est en couleur. Mais là, ça semble purement "parce que je peux" ou pire, pour essayer de se donner un genre sophistiqué.


Quant aux séquences de courses course... et bien, je vais me concentrer sur l'aspect plus technique tout d'abord : Au bout de 25 minutes de film, on a un essai d'un prototype Ford GT 40 sur le circuit de Monthléry. Le son est d'enfer, on a le droit à de nombreux angles, à des travellings, et même à des caméras embarquées à une époque où c'était encore quelquechose. J'ai cependant deux critiques à faire :


Tout d'abord on voit la voiture démarrer, et après quelques instants on passe à un autre plan où on l'observe de loin. Or le son est exactement le même lors des deux plans. Une prise de son au loin avec la réverbération acoustique aurait été bienvenue. Ensuite, en caméra embarquée, on voit le pilote lâcher le volant. Les deux mains. Plusieurs fois. Et... euh... non. J'imagine que parmi les milliers d'anecdotes que les pilotes de l'époque pourraient vous raconter on peut en trouver qui faisaient ça, mais j'ai tout de même du mal à acheter l'idée sans le contexte qui va avec.


Outre l'aspect technique, on peut aussi observer les essais d'une monoplace, une nouvelle fois propulsée par Ford, avec caméra embarquée sur le visage du pilote bien reconnaissable. Du beau boulot pour l'époque. Plus tard, nous avons le droit aux 24 heures du Mans avec les images de la véritable épreuve, mais sans rien de plus que ce qu'un reportage d'époque pourrait montrer. On a les pilotes sur la grille, le départ, quelques inserts sur la réaction des proches des pilotes, des images de secours arrivant sur les lieux d'un accident. Un peu bref. Enfin, il y a le rallye de Monte-Carlo avec quelques plans remarquables, la difficulté de l'épreuve (plus encore à l'époque qu'aujourd'hui) et l'ampleur qu'elle avait alors sont très bien retranscrites.


Cependant, reprenons le souci narratif : Une fois le départ donné on n'a malheureusement plus d'information sur le déroulement de la course, sinon les abandons. Est-ce que Duroc se défend bien ? Qui sont ses adversaires ? Y'a t-il eu des péripéties ? On voit les voitures passer sans trop savoir a quel saint se vouer, ça n'aide pas pour se sentir pleinement investi.


Vous l'avez compris, j'estime que ce film est symptomatique du film français prout-prout un peu creux, qui cache ses faiblesses derrière quelques caches misères. Seulement, typique des festivals, ce qui est ou veut se faire passer pour intellectuellement obscur, ils aiment. Du coup, une palme d'or à Cannes. Parachevé par deux Oscars, vous pensez bien que c'est désormais un classique en théorie inattaquable. Tant pis, je vous donne mon ressenti. Reste les musiques de ce film qui sont une réussite et resteront inévitablement en tête, sans doute connu même par beaucoup de petits jeunes. Un des bons points pour ce film... mais Lelouch a fait bien mieux.

Régis_Moh
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le 25 juil. 2015

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The Reg

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