Mathieu Vasseur (Pierre Niney), jeune auteur de 25 ans, essaie en vain de faire publier son premier manuscrit. En attendant, il travaille pour une entreprise de déménagement… Son destin bascule le jour où il tombe par hasard sur le manuscrit d’un homme solitaire qui vient de mourir et dont ils doivent débarrasser l’appartement. Le manuscrit est celui du récit d’un appelé pendant la guerre d’Algérie. Mathieu hésite avant finalement de s’en emparer, et de signer le texte de son nom, après lui avoir seulement donné un nouveau titre, « Sable noir ». Le manuscrit est de suite accepté par une maison d’édition et devient un best-seller, récompensé par la Prix Renaudot.
Mathieu Vasseur devient du jour au lendemain le nouvel espoir le plus en vue de la littérature française.
On nous le montre trois ans après, filant le parfait amour avec la charmante Alice Fursac (Ana Girardot), qui l’avait snobé lors de leur première rencontre, mais qui maintenant l’amène pour le présenter à ses parents, de riches bourgeois vivant dans une somptueuse demeure au bord de la mer Méditerranée.
Mathieu, pressé par son éditeur, ne parvient pas à écrire la première ligne de son deuxième roman et, pour préserver son secret, il va s’enfoncer dans une spirale mensongère qui l’amènera à commettre deux meurtres et à se faire passer pour mort.
Mon opinion sur ce film
Le thème de l’auteur qui vole le manuscrit d’un autre et le publie sous son nom rappelle plusieurs œuvres littéraires, en particulier le roman d'Henri Troyat Le mort saisit le vif (1942) où le héros signe le roman La Colère, dont le véritable auteur est décédé. Comme dans Un homme idéal, la spirale de l'imposture conduit le personnage aux portes de la folie. Deux films aussi traitent du même sujet : The Words et A Murder of Crows.
Dès le début, le ton est donné car Mathieu travaille à son manuscrit devant une photo de Romain Gary, qui est son auteur favori. Or, on sait tous combien la mystification fut la marque de fabrique de ce grand écrivain qui obtint une deuxième fois le Prix Goncourt pour son roman La vie devant soi qu’il publia sous le nom d’emprunt d’Emile Ajar, en se gaussant de la critique et des milieux littéraires.
Il n’empêche que, grâce à la formidable prestation de Pierre Niney, ce film se hisse au niveau d'un Polansky (The Ghost Writer) ou d'un Woody Allen (Match Point). Le réalisateur a parié (et il a eu 100 % raison ! ) sur la présence extraordinaire du jeune et talentueux Pierre Niney qui oblitère pratiquement le jeu de tous les autres acteurs. Il arrive à insuffler à son personnage de menteur un côté sympathique car là où d’autres s’en seraient fichés, Mathieu reste conscient qu’il doit son talent à un autre et reste paralysé par la culpabilité. L’angoisse monte peu à peu et on craint plus pour lui plus que pour tous les autres dont on ne pleurera pas la disparition. L’impression que l’on garde, avec les dernières images où Mathieu, retourné à l’anonymat, contemple depuis la rue, sa double réussite (le succès de son vrai livre au titre plus que symbolique « Faux-semblants » et son bébé, dans les bras de la femme qu’il aime et ne pourra jamais épouser), est celle d’un terrible gâchis.