Dès la vision des affiches, j'ai su que je voudrai voir ce film.
Bien sûr, quand j'ai vu que le public était surtout composé de jeunes filles (15-25), je me sens demandé si j'étais toujours le public de ce film.
Je sors de ces 1h40 avec une sorte de paralysie, les nerfs encore tendus. Car c'est toute la magie de ce film, créer une scène idyllique et lentement, la faire descendre. Car le papier prenant trop d'altitude ne peu que brûler, et les cendres fatalement retomber, avec fumées et destruction.
Tel est le destin de Mathieu Vasseur.
Genre du cinéma pas encore surexploité, celui des imposteurs, fraudeurs et autres traffiquants de l'identité et qui ont encore la chance de pouvoir nous surprendre et de rester originaux. Ici on surfe cependant un peu trop sur une copie française de Match Point... mais la comparaison reste flatteuse.
La relative jeunesse sinon candeur de Mathieu retire peut-être de profondeur au film, surtout vers le début, quand il s'émerveille encore de tout comme un petit garçon que pourtant il avait gommé de ses gestes.
Les rebondissements et les scènes sont assez prévisibles, les dialogues la plupart du temps sans ambition. Sauf par moment ou au contraire on sent une âme, infusée au film, qui le refait prendre de l'envol, même en pleine chute :
"- J'ai beaucoup d'estime pour vous Mathieu. Vous n'êtes pas un héritier : ce que vous avez, vous l'avez gagné. Je vous en veux un peu d'avoir pris ma fille ! Disons que j'ai de la chance, j'aurai pu tomber plus mal.
- C'est moi qui ai de la chance.
- C'est rare de croiser un amour sincère.
- Vous aimez votre femme ?
- oui...après toutes ces années je lui suis reconnaissant de me prendre comme je suis...vous savez les femmes finissent toujours par savoir qui vous êtes"
Tout comme les dialogues avec le maître chanteur, qui est le reflet du miroir.
Non, là ou Un Homme Idéal percute à chaque fois, c'est par ses rebondissement, toujours plus nombreux que le spectateur les anticipe, la chute est vertigineuse, la compassion éprouvée pour cet anti-héros est telle qu'on prend en horreur ses tribulations, et c'est cette horreur que nous éprouvons par empathie qui nous permet de faire le même chemin que lui, de faire notre propre catharsis : quand le costume devient invivable, le seul choix reste de muer à nouveau. Mais pour devenir quoi, quand on a déjà jeté le propre soi ?