Je suis iranien et je fais des films en Iran. Car la situation ne changera pas si l’on reste à l’extérieur.
- Mohammad Rasoulof -



Après "Téhéran tabou", l'on découvre non sans accablement "Un homme intègre" second film incriminant l'Iran présenté à Cannes 2017. Cette consternation ne relevant pas bien évidemment de la qualité des deux oeuvres mais bel et bien de leurs sujets la sexualité pervertie pour le film d'Ali Soozandeh et ici la corruption. Deux maux rongeant à grande échelle une société iranienne autoritaire et arbitraire.


Il est toutefois intéressant de constater une différence de traitement de ces deux sujets sulfureux. Ali Soozandeh, exilé en Allemagne depuis plus d'une décennie, "libre" de fait, tend parfois à forcer le trait tandis que Mohammad Rasoulof (qui vit en Iran et se trouve aujourd'hui menacé de 6 ans d'emprisonnement pour "Propagande contre le régime") tout aussi vindicatif se veut plus "pondéré" dans sa réalisation et donc plus crédible. Car il faut bien le dire, "Un homme intègre" est un acte de courage extraordinaire.


En suivant les cheminements de pensée et d'action de Reza, cet éleveur piscicole, Rasoulof souligne chacun des travers de son pays. L'hypocrisie est généralisée entre ce que préconise la religion et les actes réels. L'une des scrofules est principalement la corruption, qui s'étant répandue avec le temps touche tout à chacun et chaque strate de la société. L'accumulation des régimes despotiques depuis des décennies a provoqué une sédimentation des comportements ou petits arrangements se sont accumulés aux bakchichs, puis aux grandes combines étatiques. Un système contre lequel on ne peut lutter, tout intègre que l'on soit. Reza en sera pour ses frais...


En voulant réaliser ce film, Rasoulof ne choisit pas la facilité. En plus de s'attaquer à cet écueil situationnel il choisit de donner à son film une mise en forme plutôt habile qui ne cesse d'interpeler le spectateur à réfléchir également sur la situation. Souvent haletant, parfois un peu poussif, le résultat au final (et quel final !) vous étreint et vous bouleverse.


Il rejoint de fait le cénacle des ces oeuvres ambitieuses de bravoure qui, de tous temps, ont été portées par des réalisateurs dissidents pour qui la liberté n'est pas qu'une ambition mais une nécessité.


Je suis iranien et je fais des films en Iran. Car la situation ne changera pas si l’on reste à l’extérieur.
- Mohammad Rasoulof -

Fritz_Langueur
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le 3 janv. 2018

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