Encore un film sur arte très universel et actuel qui sera vu pendant encore longtemps.
Sur, entre autres, la fin justifie t elle les moyens?
Il m'a rappelé une fratrie dans mon enfance dont les ainés frappaient parfois à mauvais escient les plus jeunes mais ponctuait la pseudo leçon d'un: "C'est pour le principe".
Des personnages défendent ici aussi aveuglément des principes.
Résumé SC pour ceux qui aiment les résumés:
"Thomas More s'oppose à Henry VIII, qui veut divorcer de Catherine d'Aragon pour épouser sa maîtresse Anne de Boleyn.
Quand le cardinal Wolsey, puis son terrible ministre, Cromwell, lui demandent d'intervenir auprès du Pape pour faire annuler le premier mariage, Thomas More refuse"
pour des questions de principe.
"c'est la loi de Dieu et de son Eglise."
Le film présente et traite Thomas More comme un héros sacrificiel
mais s'il est fort et héroïque en effet, dans sa lutte contre la corruption en général et contre la justice à deux vitesses pour les riches et les pauvres,
il l'est moins en ce qui concerne son intégrisme religieux mu par le respect à la lettre d'un texte.
Ce qui me rappelle les Talibans et l'Ayatollah Khomeini (qui aussi disent cibler la corruption et l'injustice).
More déclare:
"...l'acte du parlement est tout à fait incompatible avec la loi de Dieu et de la Sainte Eglise car nul personne parmi les fidèles ne peut se prévaloir d'aucune loi humaine pour détourner le gouvernement suprême de l'Eglise entre ses mains.
Car celui ci a été accordé par la bouche même de notre Sauveur Jésus Christ quand il était en vie..."
...Et ça ne pourrait être changé que par lui.
Je ne suis pas expert mais "refuser la loi humaine" et placer au dessus la loi de Dieu n'est, non seulement plus ce que les chrétiens font aujourd'hui, mais ce que font les musulmans intégristes.
Remarques variées:
______Une distribution envoutante, même en version française.
______Des décors devenus rares, qui aident à l'immersion dans l'histoire.
______Sur le net, il y a un cours de philo d'une Simone Manon qui devrait citer ce film:
"Pourquoi le légal n'est-il-pas toujours le juste?"
______La manigance autour de la soi-disant corruption par une coupe d'argent rappelle des histoires contemporaines: le genre de cadeaux empoisonnés pour embarrasser quelqu'un dans son futur et sa carrière (eg. ça peut être par des costumes aussi).
______J'ai aimé et découvre l'acteur qui joue Norfolk: il est moins à l'écran mais a plus d'émotions différentes à jouer, (un excellent Nigel Davenport, rarement cité, son ami 'presque' jusqu'au bout).
_______J'ai aimé l'idée, déjà en 1966, de montrer de façon original le temps qui passe sans avoir recours à ce procédé pénible et facile de juste mettre une date sur l'écran.
C'est lorsque Thomas More (habité Paul Scofield) regarde pas sa fenêtre et on voit un très beau plan sur un arbre au bord de l'eau avec des enfants qui jouent avec un chien. Un tableau.
Puis on voit le même plan fixe, avec l'arbre enneigé et la rivière gelée (donnant aussi une idée des conditions pénitentiaires).
Puis c'est un printemps avec un couple d'amoureux se parlant sous le même arbre.
On comprend donc que More est déjà resté très longtemps en prison.
Sa tête déconfite m'a rappelé le sort de Fouquet gardé par d'Artagnan et aussi condamné à se les geler en prison (en montagne?).
Nos Kim Jong-Un Européens du passé n'étaient pas non plus des plus cléments...
Rire ou froncer les sourcils, le boss décide (comme en entreprise parfois avec les blagues risquées):
___J'ai adoré la scène d'arrivée du Roi à l'improviste chez son Chancelier: Robert Shaw, ce cher Henry... saute à pieds joints dans la boue, il est éclaboussé et sali mais personne n'ose rigoler.
Il regarde ses invités, eux circonspects et silencieux, ne sachant pas encore d'eux-mêmes comment réagir.
C'est suivi d'un duel/montage de regards, avec gros plan Sergio Leonien sur celui très beau de Shaw...la tension monte...
le Jo Pesci royal éclate alors de rire,
donnant alors le signal à ses moutons humains qu'ils peuvent alors rire aussi en toute sécurité.
Une vraie scène avant l'heure de 'Goodfellas/Les Affranchis'.
Me rappelant aussi celle autour de la table dans 'Une Fauteuil pour deux' où Eddie Murphy fait à un vieux schnock puissant aussi et riche, une remarque et blague très risquée mais explicative sur combien sa si jeune épouse lui coûte une fortune...c'est alors, comme ici, suivi d'un long silence des convives,
aussi tous suce-boules, lèche-culs, hypocrites, soumis, serviles,
attendant d'avoir le 'la' donné par le pacha,
pour savoir s'il faut rire ou jouer les choqués,
comme de nos jours.
____Le film et Fred Zinnemmann (dont j'aime tous les films vus jusqu'à présent, et c'est encore peu pour l'instant par rapport à toute sa filmo, 5)
semblent nous pousser à vénérer Thomas More et le voir en héros du film et surtout soi-disant résistant au soi-disant méchant.
Je le trouve borné, sabotant une bonne cause, même à l'époque, et il parait surtout intégriste.
Son respect de la Papauté frise l'aveuglement.
Son pseudo respect de la Bible à la lettre n'est plus, grand heureusement, sa lecture contemporaine (était il encore aussi pour que le bon chrétien immole le sodomite?)
Il dévoyait l'esprit et la parole du Christ. En inventant et gonflant une notion de blasphème à sa parole.
Et son discours après sa condamnation sur la parole de Jésus étant sacrée et inchangeable m'a surtout rappelé les Salafistes qui prônent le respect à la lettre de textes barbares.
Dans leur sens littéral.
Il m'a alors rendu sympathique le Roi Henry et presque approuvant la décision du jury...
Je suis Henry. ^^
Ajouts plus tardif:
____Même avant de mourir, il rappelle son respect de la religion avant l'autorité civile:
(le Roi me demande d'être bref et comme il le sera, il dit)
"Je meurs en bon serviteur de mon souverain, mais d'abord de Dieu".
____Je découvre grâce à SC que Charlton Heston, fou du droit au port d'armes et lui aussi d'un respect strict et aveugle (du 2e amendement de la Constitution américaine), a réalisé et joué dans une version du même livre.