Fabrice Luchini incarne Alain Wapler, vice-président d’un grosse compagnie automobile, hyperactif, égocentrique et pourtant respecté et aimé de ses employés, relativement détesté de sa fille qui le connait peu et à qui il fait de l’ombre, un peu méprisé par les jeunes loups de l’entreprise. Wapler fait alors un AVC, et doit alors en gérer les conséquences : ne plus savoir s’exprimer correctement, devoir être redevable de quelqu’un, prendre le temps.
Hervé Mimran signe un beau film, qui sait doser drame et humour, et qui aura surement un joli succès — malgré un scénario somme toute assez classique de l’homme à succès qui doit tout arrêter et revoir sa vie, penser à nouveau aux autres. Mais il fait la part belle aux réelles conséquences de la maladie, leur impact sur la vie, le quotidien, le travail. On sent que le réalisateur s’est documenté sur le sujet. Si, forcément, les erreurs de langage de Luchini font rire, à aucun moment le regard porté sur lui n’est moqueur, misérabiliste ou infantilisant.
On peut saluer notamment les aspects technique, de beaux plans et cadrages avec quelques imperfections. Une musique qui souligne la solitude de chaque personnage, ce qui est un note assez intéressante dans leur construction.
Pas de doute sur la qualité d’interprétation de Luchini, mais qui en revanche porte tout le film et est omniprésent, trop mise en avant, sur un trop bon jour. Le film aurait peut-être bénéficié de plus d’équilibre avec les intrigues secondaires, et de pouvoir mettre plus en lumière les talents de ses autres acteurs, qui sont en retrait — on pense notamment à Leïla Bekhti qui reste touchante mais très discrète. Du coup, on se demande un peu leur but, leur intérêt dans la trame globale. La recherche de la mère pour l’orthophoniste, les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle pour la fille… ces choses-là ne sont pas assez développées pour vraiment étoffer les personnages et nourrir le film. Je parlais justement de la musique, qui reflète la solitude des personnages : c’est un peu ça, des personnes les unes à côté des autres, avec des synergies un peu superficielles.
Je pense que ce ne sera pas LE film de cette fin d’année, mais cela reste un très bon moment de cinéma, qui sait faire rire et (presque) pleurer, et marque positivement les esprits.