Qui d’autre ? Qui d’autre pour un film où le langage tient une place si prépondérante que Fabrice Luchini, l’amoureux des mots et des lettres ? L’acteur porte à lui tout seul le film d’Hervé Mimran est interprétant Alain, homme d’affaires puissant qui marche sur le monde et ne prête pas d’attention particulière à son entourage, essentiellement professionnel : cuisinière, chauffeur, secrétaire… Sa seule famille, une fille délaissée qu’il lui arrive de « ne pas voir pendant quinze jours » alors qu’ils vivent sous le même toit. Mais sa vie de PDG d’un grand groupe automobile se voit brutalement interrompue par un AVC qui le cloue à l’hôpital, lui ôte une partie de sa mémoire et lui donne des troubles du langage. Sa rééducation avec une orthophoniste retors (Leïla Bekthi) va lui permettre de réfléchir sur ce qu’il est et sur sa vie.
Un homme pressé est un film bienveillant et tendre, où la prestation de Fabrice Luchini (qui n’est pas tant cabotin pour l’occasion) est pour beaucoup. Beaucoup trop, peut-être, car seule sa performance peut faire oublier les bons sentiments envahissants et faciles qui sont légion dans le scénario de Mimran. Finalement, Un homme pressé n’est qu’une histoire de rédemption prévisible et cousue de fil blanc, où l’homme suffisant devient en peu de temps un homme prévenant.