Un homme à retenir, et c'est à peu près tout
J’avais beaucoup aimé les deux premiers films de Corbijn (l’excellent ‘Control’, un film en noir et blanc sur Ian Curtis de Joy Division, et ‘The American’, avec Clooney, malgré ses mauvaises critiques), celui-ci me laisse sur ma faim. Seymour Hoffman est excellent et tient le film à lui tout seul, mais les autres personnages semblent bien moins habités (Willem Dafoe convainc toutefois dans un rôle qui est pour une fois celui ni d’un cinglé ni d’un méchant). On suit facilement le fil de l’histoire (ce qui est plutôt appréciable; ce n’est pas un des ces films d’espionnage pendant lesquels on passe de l’admiration pour la complexité du scénario au douloureux constat qu’on n’a rien compris), mais c’est peut-être parce qu’elle est un peu simple et pas très originale - à l’image du titre, et je précise qu’il est repris de celui du roman de John Le Carré (écrivain qui me semble largement surestimé), et que la version française est une traduction littérale.
Certes, on a droit à une version de l’espionnage plus réaliste que dans certaines superproductions (enfin probablement plus réaliste - qu’en savons-nous après tout), et on n’a pas à subir une surenchère de scènes d’action au montage épileptique, mais éviter les écueils d’un genre et les fautes de goût ne suffit pas à faire un très bon film. J’aime quand un film prend son temps mais ici, certains plans semblent un peu trop appuyer un propos qu’on aura assez vite compris : Günther Bachmann est un homme très seul (et il fume tout le temps et boit pas mal).
Restent de chouettes décors (dans cette ville de Hambourg qu’on n’a pas l’habitude de voir au cinéma), l’image soignée de Benoît Delhomme et, donc, l’inoubliable Philip Seymour Hoffman.